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Coumarine, Petites paroles inutiles
27 mai 2009

Coquelicot ou papillon

Elle est assise sur son banc d’écolière. Mais elle n’est pas vraiment là, dans cette classe de petites filles en chaussettes blanches et jupes bleues sagement plissées, sagement rangées dans les bancs attentifs. Elle ne regarde ni l’institutrice qui s’emberlificote là devant dans des explications embrouillées, ni le tableau sur lequel des hiéroglyphes illisibles sont venus s’inscrire, ni ses voisines de classe qui se chuchotent des petites confidences de filles.

Elle fixe avec attention le labyrinthe prudent de l’unique fil vert égaré dans son pull marin bleu foncé, tente d’en déchiffrer le code secret.

Elle danse avec les feuilles légères de l’arbre qui se dandine là dehors, au gré du vent, au gré du temps.

Elle caracole avec le papillon blanc entré par mégarde dans la classe alourdie de soleil, alourdie de sommeil.

Elle médite sur la beauté qui surgit comme ça de la grisaille, en surprenant la naissance rouge d’un coquelicot entre deux pierres de la cour de récréation.

Elle dessine à l’infini dans les marges d’un cahier trop sage, des dessins qui s’allongent aux dimensions de fresques grandioses.

Elle batifole dans les méandres de son imaginaire au départ des calculs inscrits sur le tableau noir et qui deviennent figures insolites, traits de calligraphie, formules magiques qui lui permettent d’entrer dans des lieux fabuleux.

Mais à chaque fois il y a une voix qui surgit de la discipline pour la rappeler à l’ordre : « Tu es encore une fois dans la lune ? Ne reste pas là à ne rien faire… »

C’est bizarre, parce que dans ces moments-là, elle n’a pas du tout l’impression de ne rien faire, mais au contraire de vivre au maximum, tous ses sens en alerte, toutes les antennes de sa vie en vibration pour guetter l’infime et le grandiose, l’imperceptible et l’inaudible. Et surtout l’envers des choses, ce qui échappe au tamis des idées logiques et réfléchies. Elle a tout appris dans ces moments d’ardeur. A ce point rassemblée au centre d’elle-même ou en exploration aux quatre coins de ses mondes secrets, elle y a reçu plus d’une révélation, plus d’une intuition essentielle.

Les livres scolaires lui ont juste appris que deux et deux font quatre. Et que Paris est la capitale de la France. Et que le temps suspend son vol. Et que rosa rosa rosae rosae rosam rosa. Et que she is a girl...

Extrait de L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers de Nicole Versailles (Coumarine of course), p. 88

Je pensais ce matin que l'école...je n'aimais pas... je ne faisais que le minimum requis pour passer de classe, à l'école comme à l'université d'ailleurs. Je m'en suis sortie an étudiant très peu.
Les cours me semblaient fastidieux, et parfois même d'un ennui mortel.
Je me réfugiais dans les livres, qui m'ont bien plus appris à tous points de vue que les cours à l'école.
Du moins ils m'ont appris ce qui m'intéressait vraiment: l'humain, les sentiments, la curiosité pour les petites choses, celles qui font naître de petites paroles inutiles (pas pour rien que j'ai choisi ce titre à mon blog...ce ne fut pas réfléchi, ce fut spontané...mais cela en dit long, je crois)

Aujourd'hui je reste à l'affut et à l'écoute, curieuse du tout et du rien, du petit quelque chose qui parfois se cache profond dans les yeux de l'autre, dans les pages oubliées d'un livre et même du Net, dans la musique du vent, dans le bonheur inattendu de l'instant.
J'aime découvrir par moi-même, marcher à mon rythme, parfois rapide, parfois lent, dans les couloirs d'un musée, d'une expo, je peux rester longtemps à rêver dans la salle de cinéma en écoutant les derniers accords de la musique, après un film qui m'a parlé...
J'aime savourer les pages d'un livre qui me passionne, revenir en arrière autant de fois qu'il le faut...

J'ai beaucoup appris par moi-même, coudre par exemple, confectionner les vêtements de mes enfants, me débrouiller avec le traitement de texte

Et les cours que j'ai suivis (avec passion), et les cours que j'ai donnés (avec passion), je les ai choisis...  parce que je les voulais.



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Commentaires
C
eh oui! Alessandra...je comprends très bien...<br /> merci d'être passée...
A
Quelle érudite !<br /> Tu sais, Coum, quand je te lis, j'ai l'impression de me découvrir, me redécouvrir sous la plume d'une âme soeur.<br /> J'ai oscillé les bancs de l'école, je les ai peints de mon écriture, tantôt gaie, tantôt triste, souvent beaucoup d'amertume. Comme quelque chose que je n'ai pas rempli.<br /> Alors tout comme toi, j'ai appris de moi-même. Après mes études, j'ai beaucoup lu (rattraper ces connaissances illusoires que je retenais vainement, comme du bourrage de crâne !).<br /> Je suis restée 5 ans enfermer dans un grenier qui m'oxygénait. Le peu de clarté qui pénétrait dans la mansarde me permettait de parcourir des milliers de mots, de découvrir, d'apprendre, le monde, la vie, les gens, mes parents, moi-je !<br /> Et avec du recul, je me dis que mon existence était riche car intimement liée à ma personnalité. Sans forcing !<br /> enlevez moi tout mais pas mes livres, jamais ! Ils rythment ma respiration. Je pense que tu peux comprendre !
C
@bernie...oups ça a dû te prendre du temps!!;-))
B
Je le savais Coumarine, n'oublie pas que j'ai "visité" tout ton blog ;-)
C
@bernie...les coquelicots et les papillons...pour moi sont les ailes de l'imaginaire...<br /> J'adore...
Coumarine, Petites paroles inutiles
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