La danse de la vie...
Une foule immense danse, martèle le
sol en cadence.
La danse vient prendre vie dans la tendresse, sur les lèvres qui s'enlacent et se délacent au fil des
rencontres, au fil des mains qui se frôlent ou s'empoignent.
La danse est désir
qui parcourt les corps en sueur, les corps en urgence d'aimer...
Là-bas, dans un coin de
la place, elle attend.
Elle observe l'élan sauvage qui circule comme un vent de tempête, s'engouffre
en folie dans chaque recoin de ruelle, vient secouer chaque volet si fermé
qu'il en devient buté.
Elle attend. Elle
résiste.
Ses pieds pourtant bouillonnent d'impatience, battent la mesure,
s'apprêtent à décoller, fredonnent déjà l'air qui cascade au son des tambours.
Son corps trépigne d'ardeur, mais sa tête attend, s'efforce au calme, respire à l'économie, s'impose la
tempérance.
Mille sourires autour
d'elle l'invitent au voyage, de partout on l'appelle, et les voix se font
enjôleuses :
« Tu viens ? Allez... viens, ne reste pas là... Mais que fais-tu là toute
seule ? C'est maintenant la fête, c'est maintenant le temps de la
danse... »
Oui...c'est maintenant.
C'est vrai. L'éternité, c'est maintenant. Le temps explose en bouquets sur le
tempo de la musique fougueuse. Sans le faire exprès. Comme tout ce qui est
vivant, et grandit sans demander la permission. Le soleil après tout, s'en fout
de brûler la moisson
Mais elle reste plantée là
dans le coin le plus invisible de la place. Parce qu'elle a décidé d'attendre alors que l'espoir la taraude. C'est comme cela depuis le début de son éternité à
elle... C'est si long une éternité quand on ne peut se résoudre au petit geste qui ferait vivre.
Il y a tant des paroles muettes qui n'en finissent pas d'avorter...
Ce soir, je viens d'apprendre le décès soudain d'une amie de mon âge..
Comme ça sans crier gare...
A côté du choc qu'il me faut encaisser, il y a cette fureur de vivre qui monte en moi, plus intense que jamais: c'est maintenant qu'il me faut vivre ce qu'il me reste à vivre
Pas demain...
Peinture de Frédéric Salvart