Tuer le temps
Je lisais quelque part ces trois mots: je tue le temps
Tuer le temps, voilà qui m'interpelle...
Est-ce que tuer le temps, c'est faire n'importe quoi quand on s'ennuie? qu'on ne sait pas quoi faire d'intéressant? qu'on attend avec impatience que le temps s'écoule pour arriver -enfin- à demain, ou à plus tard?
Mais si on TUE le temps, il est mort alors, non?
Ah oui! on parle de temps mort. Le pauvre. Un temps où il ne se passe rien. Rien.
Un temps où on ne vit pas, un temps où le temps s'écoule entre parenthèses...
Par opposition aux temps forts, aux temps de la vie qui vit...
Je ne tue jamais le temps. J'ai trop de respect pour lui, même dans les moments où je pourrais avoir envie de gommer l'instant que je vis pour arriver plus vite à l'instant qui va venir, parce que ces moments sont difficiles...
Mes temps ne sont jamais morts, jamais.
Autrefois oui, je tuais le temps. Je ne pouvais faire autrement, du moins le croyais-je
Quand j'étais petite fille et que j'attendais que mon enfance se passe, que j'attendais de passer enfin à la vraie vie.
Mais j'ai compris depuis quelque chose d'important, que le temps n'aime pas qu'on le tue, qu'il se relève blessé ou moribond quand on le laisse mourir comme ça.
Et un temps moribond est un temps avec lequel on ne peut plus rien faire de bon... Il est passé, définitivement, amputé de toutes ses possibilités. Et ça... c'est con!
Enfin, c'est mon avis...
Il a neigé à nouveau. je suis allée prendre quelques photos de "mon" petit étang. C'est curieux, alors que il se trouve à deux pas de la civilisation, on dirait que c'est un lieu complètement désert.
Le temps ne se tue pas là. Il se vit, mordu par le froid... dans le silence... dans la plénitude, dans la reconnaissance d'être bien vivant.
Là, je marche le visage fouetté par le froid, je marche comme si j'étais la personne la plus heureuse de la terre. Ce qui bien sûr, n'est pas forcément vrai. Cela se vit dans le moment présent. Point.
Photos Coumarine