Une page déchirée est une page orpheline
J'écrirai sur l'urgence... celle qui frémit dans le ventre, qui halète et réclame à boire à grandes gorgées interminables parce que cette soif là ne se désaltère jamais
J'écrirai sur l'urgence, celle qui donne envie de hurler dans une salle déserte pour en réveiller tous les fantômes endormis.
Celle qui fait soudain se hâter les souliers sur des chemins inconnus, là où une montée difficile et aveugle promet pourtant une explosion de bonheur sur un paysage incroyablement noble...
J'écrirai sur l'urgence, celle qui donne faim de serrer au plus près de son centre, tous ceux dont les noms s'y sont gravés au fil du temps.
Celle qui fait se lever et bouger et danser sur la vie mouvante et passionnée...
J'écrirai en urgence, parce que écrire pour moi, c'est vivre consciemment, c'est donner sens aux fragments de ma vie...une page déchirée, aussi belle soit-elle, ne donne sa signification que lorsqu'elle réintègre sa place, dans le livre dont elle est issue. Une page déchirée est une page orpheline...
Écrire en urgence, vivre en urgence, mais avec infiniment de patience et de persévérance...
Non, ce n'est pas contradictoire. Parce que l'urgence dont je parle n'est pas la précipitation, le non respect du rythme de la vie, de l'autre et des autres...