Les presque riens
Il y a de ces presque riens qui disent presque tout...
Un regard qui se perd, une mimique à peine ébauchée, un geste esquissé, une parole pour rire, deux mots sur un papier perdu.
Des presque riens. Des micro communications, des dialogues amorcés. C'est rien, trois fois rien...
Et pourtant, pour celui (ou celle) qui sait voir, entendre, percevoir, capter..
Pour celui (ou celle) qui a un minimum d'intuition, d'attention à l'autre, qui possède des antennes qui vibrent, ces presque riens disent presque tout
Énormément en tout cas.
Et parfois ce presque tout est un truc géant, genre cri dans la nuit, qui parce qu'il n'est pas perçu, va se noyer quelque part dans la plus complète indifférence...
Et parfois même, quand c'est trop tard, on se dit qu'on n'a rien vu, rien compris. Forcément. On regardait pas! On avait les yeux collés sur les choses à faire absolument, ou sur son portable qui doit sans retard envoyer un message, ou sur son écran qui ne supporte pas que le regard dérive vers la droite ou vers la gauche, là où peut-être l'autre se tient avec ses presque riens.
Il faut un certain talent, et un désir certain pour brancher les écouteurs spéciaux des presque riens vers l'autre.. et entendre les presque tout.
C'est étonnant comme on peut parcourir le jardin de autres avec de gros sabots aveugles et sourds
J'ai cette faculté de comprendre à demi-mots ce qui ne s'est même pas encore dit, mais qui se lit sur le visage, se devine dans une moue et même au travers de quelques mots reçus par l'écran
Parfois je n'ai pas le courage, ou le temps, de relever ce que j'ai cru comprendre.
Mais parfois oui.
Et c'est porteur, très. Chaque fois.