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Coumarine, Petites paroles inutiles
11 novembre 2007

Il y a des photos dans les coffres en bois

J’ignore où se cache ma vérité, sans doute dans un tiroir oublié, ou peut-être plusieurs, oui c'est ça, beaucoup de tiroirs oubliés, d'armoires poussiéreuses, de greniers inquiétants, de caves fermées à double tour. Serrures têtues. Clés rouillées, corrodées, rongées, qui tournent rauque, qui tournent fou …

Qui tournent fou…  comme dans les manèges enchantés où les enfants s’imaginent être des conquérants de l’espace, des cow-boys aux chevauchées valeureuses, des fées aux paroles toutes puissantes. Comme dans les labyrinthes où l’on prend plaisir à s’égarer, à se mystifier, à chercher un chemin qui n’est jamais droit: c’est cela finalement qui comble les affamés d’insolite, les amateurs de mystères …

Les greniers sont inquiétants il est vrai, ça sent la plupart du temps le dépassé, le moisi, le puisard, parfois même le cadavre…

Pourtant on ne peut s’empêcher d’y monter de temps en temps, le cœur battant, comme sur la défensive, pour aller fureter dans les grands coffres en bois.

Parce que dans ces coffres, des revenantes du temps passé ont enfermé il y a longtemps des photos, des milliers de photos jaunies, et si on a de la chance, des lettres chiffonnées par le temps, les larmes ou les baisers. Faut juste accepter d’ajuster son imaginaire, de lui donner un droit de parole…

coffre_et_photos

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Commentaires
C
MthP il est URGENT que je te contacte<br /> Je le fais aujourd'hui<br /> <br /> D&D, c'est amusant tu me lis avec quelques billets en retard...j'aime toujours autant tes commentaires (ils flattent mon ego sans doute,oups)
D
"J'ignore où se cache ma vérité", vraiment ?<br /> Dans l'écriture, au moins. <br /> Je plaisante bien sûr (pour ma première phrase). Et pas du tout (pour ma seconde).<br /> Ton texte brûle, ma Reine : il met le feu le au(x) grenier(s). Et c'est un feu joyeu et sans merci à la fois. Et les photos fondent avec éclat. Et tu refais de nos imaginaires des rois.
M
Qui en est garant , qui en est dépositaire ? Quelle éthique ? Je note en préambule que<br /> la transmission psychique se fait malgré toutes les précautions et omissions prises et reprises.<br /> Piera Aulagnier parlait de « pictogrammes » … sorte de filigranes de nos mémoires individuelles et soulignait que tout est dans l’interprétation faite à l’infans ( celui qui d’abord ne parle pas).<br /> Dans chaque famille , c’est un lieu commun, il y a des secrets de famille ,des viols d'intimité et parfois de sépulture le plus souvent subis et impunis.<br /> Chacun, selon ses moyens , ses capacités de rétention ou de partage constructif peut s'approprier un temps et mettre en ordre les archives familiales. Je ne pense pas qu'il est bon de détruire ce qui de toute façon disparaîtra d'une façon ou d'une autre dans le passage à l'acte amnésique des générations. Trop de traces servent d'alibi à la rancoeur et aux règlements de compte. Tout le monde sait que la plus grande violence est toujours intra-familiale, par le type de d'aliénation affective qu'elle sous-tend.Grandir , c'est se séparer, y compris des objets fétichisés que constituent certaines "archives qui parlent" et dévoilent des pans tenus en réserve. Toute archive appartient à celui ou celle qui ne l'a pas fait disparaître . C'est pourquoi il y a tant de conflits lors de certaines successions qui ravivent les jalousies fraternelles ou familiales . "Ai-je été aimé(e), préféré(e) , qu'est-ce qu'il en reste au bout du temps de vie des ascendants ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que j’existe ? Qu’est-ce qui peut m’en être dit ? " . Tout objet donné ou vendu est laissé "de fait" en pâture à l'universel, il y a un moment très douloureux de séparation ,mais qui soulage aussi, une anonymisation à terme qui permet de passer à autre chose sans culpabilité. MAIS ce n'est pas quelque chose de simple ni indolore. Je pense à la belle chanson de Barbara<br /> <br /> ___________________________<br /> <br /> <br /> Drouot <br /> *<br /> Dans les paniers d'osier de la salle des ventes<br /> Une gloire déchue des folles années trente<br /> Avait mis aux enchères, parmi quelques brocantes<br /> Un vieux bijou donné par quel amour d'antan<br /> <br /> Elle était là, figée, superbe et déchirante<br /> Ses mains qui se nouaient, se dénouaient tremblantes<br /> Des mains belles encore, déformées, les doigts nus<br /> Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre<br /> <br /> Comme tous les matins, dans la salle des ventes<br /> Bourdonnait une foule, fiévreuse et impatiente<br /> Ceux qui, pour quelques sous, rachètent pour les vendre<br /> Les trésors fabuleux d'un passé qui n'est plus<br /> <br /> Dans ce vieux lit cassé, en bois de palissandre<br /> Que d'ombres enlacées, ont rêvé à s'attendre<br /> Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes<br /> Mais les choses nous parlent si nous savons entendre<br /> <br /> Le marteau se leva, dans la salle des ventes<br /> Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence<br /> Elle cria: "Je prends, je rachète tout ça<br /> Ce que vous vendez là, c'est mon passé à moi"<br /> <br /> C'était trop tard, déjà, dans la salle des ventes<br /> Le marteau retomba sur sa voix suppliante<br /> Elle vit s'en aller, parmi quelques brocantes<br /> Le dernier souvenir de ses amours d'antan<br /> <br /> Près des paniers d'osier, dans la salle des ventes<br /> Une femme pleurait ses folles années trente<br /> Et revoyait soudain défiler son passé<br /> Défiler son passé, défiler son passé<br /> <br /> Car venait de surgir, du fond de sa mémoire<br /> Du fond de sa mémoire, un visage oublié<br /> Une image chérie, du fond de sa mémoire<br /> Son seul amour de femme, son seul amour de femme<br /> <br /> Hagarde, elle sortit de la salle des ventes<br /> Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes<br /> Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus<br /> Quelques billets froissés, pour un passé perdu<br /> <br /> Hagarde, elle sortit de la salle des ventes<br /> Je la vis s'éloigner, courbée et déchirante<br /> De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus<br /> Pas même ce souvenir, aujourd'hui disparu...
C
tilu...j'ai oublié de te répondre, dans le tohu bohu du billet qui précède...<br /> Ce n'est que depuis peu que je regarde avec plaisir les anciennes photos...c'est comme tu le dis un voyage dans mes racines
T
j'adore les vieux coffres en bois..et les vieilles boites en carton aussi... Les photos sont pour moi, des petits morceaux de vie ,pas n'importe lesquels ,ceux qu'on a choisi d'immortaliser et qui ont eu pour le photographe ou les photographiés une importance particulière... Quand je suis chez mes parents , je passe des heures dans les vieilles photos , même si je commence à les connaitre par coeur...un voyage dans le temps, et dans mes racines...
Coumarine, Petites paroles inutiles
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