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Coumarine, Petites paroles inutiles
11 novembre 2007

Elle se lève chaque matin une minute avant moi

kandinsky_wassily_gelber_kreis_2401817Avant de me mettre au travail le matin, j'ouvre au hasard un des petits livres que j'aime et qui attendent que je leur donne vie par ma lecture attentive.
Ou plutôt, c'est eux qui  attendent de me donner un peu de vie, par la phrase qu'ils s'apprêtent à me donner.

Ce matin j'ai ouvert  au hasard "Mozart et la pluie" de Christian Bobin
Et voilà la phrase qui me nourrit.



"La mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi. Elle est comme quelqu'un qui me fait de l'ombre, debout entre le jour et moi. Je dois pour m'éveiller la repousser sans ménagement.

La mélancolie aime la mort, d'amour profond. Cela fait des années que je lutte avec ces profondeurs, que je m'efforce de limiter leur influence, sans y parvenir toujours. Seule la légèreté de la vie peut chasser l'insondable mélancolie. La légèreté m'est toujours venue de l'amour. Pas du sentiment, de l'amour. J'ai mis longtemps avant de voir ce qui séparait l'amour du sentiment: presque rien, un abîme.
Le sentiment est du côté de la mélancolie. Il y tombe à coup sûr, tôt ou tard. Le sentiment et la mélancolie naissent d'une préférence de soi pour soi, d'une complaisance - exaltée ou effondrée - de soi pour soi. Le sentiment comme la mélancolie sont insondables, pleins de recoins et de remous.
Le sentiment comme la mélancolie adhère, attache, fusionne.
L'amour coupe, tranche, détache. Par le sentiment, je suis englué en moi-même. Par l'amour, j'en suis détaché, arraché..."


 

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Commentaires
A
En psychiatrie la mélancolie c'est encore plus grave que la dépression.
A
J'aime beaucoup la différence entre l'amour et le sentiment de l'amour.<br /> Je vais y réfléchir.
D
C'est vrai, à chacun ses sens derrière ses mots... <br /> Mais que le véritable amour libère de soi au lieu de nous y enfermer (comme la passion je dirais par exemple), cela me semble assez limpide, et surtout bien heureux et bien précieux...<br /> Merci de nous faire partager tes jolis réveils. <br /> Et d'ici le prochain... Bonne nuit, ma Reine :-)
L
C. Bobin m'a appris l'art du rien, du silence, de la passivité, moi la pasive contrariée... j'ai eu beaucoup de mal à comprendre son univers, à l'aimer... encore aujourd'hui je bute, je chute, je trépigne... mais je sais que quand j'ai besoin de faire un break, de me poser, de comprendre l'utilité de la lentuer, c'est vers lui que je me tourne...<br /> Quand à la mélancolie dont il est question dans ce magnifique texte, qu'en dire, sinon qu'elle et moi avons très souvent rendez-vous, oh pas de longs RV, mais nombreux...
C
merci Haaron pour ce témoignage
Coumarine, Petites paroles inutiles
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