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Coumarine, Petites paroles inutiles
28 mars 2007

Papoter, parler, écrire, dialoguer

En guise de réponse aux commentaires si riches que j'ai reçus sur ma note de hier, et en guise de commentaire aussi à la note que Alainx a écrite hier à ce sujet, voici quelques réflexions supplémentaires...

Dans une conversation habituelle, il est rare qu'on dise de soi des choses vraiment importantes, qui conduisent à un échange en profondeur. On est arrêté par la timidité, la peur du jugement, le manque d'écoute véritable de l'autre, les distractions ambiantes et sans doute bien d'autres facteurs. Il n'est pas souhaitable d'ailleurs de raconter de soi à n'importe qui, n'importe quand. Il m'est arrivé de recevoir une confidence inattendue et "forte" sur le pas d'une porte, et de ne pas trop savoir qu'en faire, moi comme l'autre nous trouvant soudain gênés de cette confidence un peu encombrante. D'ailleurs ai-je reçu cette confidence parce qu'on a eu confiance en moi, ou simplement parce qu'une impulsion imprévisible a fait sortir des mots soudain trop difficiles à garder?

Lors d'un dialogue plus en profondeur avec un(e)amie, les choses sont différentes: on n'est que deux, on a choisi de se rencontrer, c'est la plupart du temps pour échanger en vérité, en profondeur, en intimité

Je rencontre ainsi régulièrement mes rares vrai(e)s ami(e)s, on va le plus souvent déjeuner ensemble trois ou quatre fois par an. On parle de tout, de rien, mais le tout et le rien s'inscrivent dans la profondeur de qui on est et qu'on est prêts à partager à l'autre. On le souhaite d'ailleurs, c'est pour ça qu'on se rencontre...

A deux, autour d'une table, il n'y a plus de timidité, de peur, de rapport de forces, d'ascendant d'une personne sur une autre, on peut parler, écouter l'autre, et de ce dialogue, naît la proximité d'une amitié vraie: et c'est bon.

Mais il est vrai que parfois, même dans des échanges de ce type, on est soudain arrêté par un regard de l'autre, une mimique, un questionnement imprévu et qui soudain nous bloque. Il m'est arrivé de terminer autrement la phrase que j'avais commencée, simplement parce que l'attitude corporelle de l'autre me montrait que je risquais de ne pas être comprise. Dans ce cas, je préfère renoncer que m'obstiner. Sans doute que moi aussi j'ai dû par une mimique, une moue, ou une question quelconque, décourager mon ami(e) de continuer sur sa lancée...

Alors il y a la lettre, le mail adressé à l'autre et qui indéniablement quand on a décidé d'entrer dans un dialogue constructif,  permet de l'approfondir davantage. Là, on est assuré de ne pas être interrompu, de ne pas dévier du sujet, de pouvoir aller jusqu'au bout de sa pensée. En écrivant, on va plus loin aussi, l'écriture creuse le sujet au fur et à mesure; conduit parfois dans des chemins qu'on n'avait pas soupçonnés et qu'on découvre en écrivant.

Bien souvent j'ai pu écrire à quelqu'un des mots que je n'arrivais pas à lui dire. Sur un ton mesuré que je ne suis pas toujours capable de garder quand la personne est devant moi. Il est vrai que en écrivant je peux corriger une phrase maladroite ou qui risque d'être mal comprise. Je peux ajuster mes mots au plus près de ma pensée. Les mots sont mes amis aussi dans le dialogue par lettres ou mails. Je leur fais confiance. j'ai appris à ne plus jamais écrire sous le coup de la colère, mais d'attendre un jour pour que mes mots ne risquent pas de blesser, ni l'autre, ni la relation, ni moi en définitive..

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Commentaires
A
Je me méfie un peut des mots écrits.<br /> Je ne manie certainement pas la langue française (belge) aussi bien que toi... et j'ai eu l'expérience de mots écrits qui n'ont pas été compris.. et pendant que l'autre lit et comprend différemment de ce que j'ai pensé.. je ne suis pas là pour expliquer ma pensée, pour rectifier l'impression que mes mots écrits on pu donner, impression fausse.
C
D'abord merci de me mettre vos avis et réflexions de manière si détaillée...<br /> Mais...<br /> Ça m'intrigue et me déstabilise un peu... (je m'adresse surtout à Sabine et à Pierre)<br /> Trop de dialogue tue-t-il le dialogue?<br /> Mais trop peu de dialogue tue la relation, non?<br /> Je vais devoir réflechir à tout ça
P
Coumarine, alors que je suis actuellement en profonde crise de questionnement autour de l'écriture de soi, tes réflexions me submergent. Me dépassent à un point tel que je me vois incapable d'aborder le sujet. Je suis incapable de prendre la distance nécessaire.<br /> Mais le commentaire de Sabine me touche au plus haut point : « Nous avions pris l'habitude, un amoureux et moi, de nous écrire beaucoup. C'était un échange magnifique, profond, très très intense. Et finalement, cela a nui complètement à la relation tant il était impossible apès coup d'être dans la simplicité. Toute légèreté entre nous avait disparu et ça nous a rendus très malheureux... ». Je crois que c'est un risque que l'on ne mesure pas à l'avance, mais qui est tout à fait réel et très très regrettable par la suite.
M
D'accord avec tout ce que tu dis, personnellement je suis beaucoup plus à l'aise avec l'écrit qu'avec l'oral, dailleurs mes proches qui lisent mon blog s'accordent à dire que maintenant ils me connaissent un peu mieux.
M
Ecrire pour soi dans un journal intime ou sur le web dans un espace plus fréquenté est un acte qui demande de l'abnégation et de la rigueur.<br /> Pourtant, cette pratique peut nous amener si on n'y prête pas attention à perdre de vue l'essentiel qui demeure quoi qu'on en pense l'estime et l'amour dont notre entourage ne cesse de nous porter et de nous prodiguer malgré nos coups de blue's ou nos crises d'égotisme. La tenue quotidienne d'un blog peut déboucher sur de belles amitiés, provoquer de jolies rencontres ou susciter de terribles controverses. Ainsi ce lieu n'est pas à l'abri<br /> des bassesses et autres fausses promesses que nous pouvons connaître dans notre quotidien. <br /> Néanmoins, il faut en prendre son parti, passer outre et continuer à écrire tout en gardant à l'esprit que la vie ne se résume pas à son écran d'ordinateur.
Coumarine, Petites paroles inutiles
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