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Coumarine, Petites paroles inutiles
29 mars 2007

La solitude existentielle

Deux commentaires sur ma note précédente me posent fameusement question...il s'agit de celui de Sabine puis de Pierre qui en fait écho

Alors je me la pose cette question:

Trop de dialogue finit-il par tuer le dialogue? Trop d'échanges "profonds" nuisent-ils à une relation simple et fluide? Est-ce utile d'être sans cesse dans l'approfondissement du pourquoi et du comment? Et de le partager systématiquement à l'autre? Risquant ainsi de le blesser ou -pire- de le lasser? Et d'alourdir fameusement une relation qui doit à chaque fois peiner pour sortir de la moindre petite incompréhension?

Mais il est clair aussi que trop peu de dialogue tue la relation... Si rien n'est échangé, du moins rien qui aurait besoin d'être échangé pour une meilleure compréhension, pour dissiper des malentendus, pour créer une connivence et une intimité... on sait bien que cela finit par faire des routes séparées, des étrangers l'un pour l'autre...

Alors quoi? Faut-il là aussi un juste milieu? Mais quel juste milieu? Et quel en serait le moyen le plus adéquat? la parole ou l'écriture, le verbal ou le non-verbal?

J'ai un ami qui, quand un malentendu ou une incompréhension nous sépare, ne souhaite pas trop en parler, ou s'il accepte, ce doit être vite fait bien fait...il n'aime pas l'atmosphère de lourdeur que crée immanquablement une discussion, même menée avec respect et calme...Ce qui est passé est passé, dit-il, on n'y revient pas: la vie est courte, il faut la vivre au présent. Moi cela me laisse frustrée, car j'aime que les malentendus soient dissipés, clarifiés, expliqués. Pourtant je dois reconnaître qu'à partir du moment où je lâche ce désir de clarification à tout prix, que je me réinstalle au présent dans la relation amicale à laquelle je tiens, les choses difficiles s'évaporent sans avoir eu le temps de se transformer en vilaines tumeurs...

Faut-il gratter les plaies pour en enlever le pus et leur donner une occasion de guérir?
Ou faut-il au contraire cessr de les gratter, de les triturer pour qu'elles cessent de s'envenimer?

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Mon homme aussi est du genre à ne pas s'appesantir sur des explications à l'infini qu'il juges superflues...cela m'a souvent frustrée, c'est vrai. J'ai renoncé aux explications "profondes" et on vit en plutôt bonne intelligence mais parfois assez seuls...mais finalement n'est-ce pas une douce illusion de croire qu'on peut tout partager avec l'autre, les autres...Tout ceci ne nous renvoie-t-il pas à notre solitude existentielle?

(oui, je sais, c'est sans doute très réducteur de poser la question en ces termes...toutes les nuances sont possibles dans le dialogue et la relation, et il faut sans doute apprendre à écouter ses intuitions pour se couler dans le bon pour soi...

Et peut-être qu'on pourra me dire (avec raison?) d'arrêter de me chatouiller pour rire... )

Peinture de Benoit Colsenet

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Commentaires
C
Je suis persuadée qu'on peut aller très loin dans les échanges, sans forcément polluer l'autre si on est capable de respecter l'oreille de celui qui écoute, de faire des pauses. <br /> Et si on laisse une place importante à l'humour, pour désamorcer cette sensation de pesanteur.<br /> Ne pas se prendre trop au sérieux même dans les moments graves. <br /> Et peut être aussi faire varier la façon de dire... les choses.<br /> Tout peut se dire, d'ailleurs tout se dit. Et tout peut s'écrire aussi... Mais il y a tant de façons de le faire !
C
Cassy, oui nous avons sans doute de la chance...<br /> Je vais parler pour moi<br /> J'ai certes de la chance: je ne suis pas phobique sociale, je ne rencontre donc pas ces souffrances dont tu parles<br /> Mais peut-être ai-je d'autres douleurs dont je ne parle pas, ici en tout cas?<br /> C'est aussi ça que je veux dire dans cette note, connaît-on l'autre? que sait-on de l'autre?<br /> Si peu en somme...<br /> <br /> Pierre tu mets l'accent sur qqch d'important: qd la façon de "soigner" ses plaies diverge...quand l'un désire parler et l'autre se taire (par exemple) cela devient douloureux et difficile
P
Coumarine, je ne pense pas que « trop de dialogue tue le dialogue », en revanche ça peut tuer une part de mystère. Trop de transparence peut faire qu'on a l'impression de bien connaître l'autre (ce qui est probablement faux, mais bon...)<br /> <br /> Quant à gratter les plaies... alors là, comment savoir ce qui assainit et ce qui entretien ? Je ne crois pas que qui que ce soit désire entretenir des plaies pour le plaisir. Par contre nous avons chacun notre façon de "soigner" ces plaies, et la méthode de l'un et de l'autre peuvent être antinomiques. Aucune n'est meilleure ou moins bonne, chacun opte pour celle qui lui semble la plus "douce".<br /> <br /> Alors assurément, lorsque les méthodes divergent ça peut devenir très compliqué et douloureux, pour les deux personnes en relation.<br /> <br /> Peut-être que "couper les cheveux en quatre" est le signe d'un besoin d'être rassuré(e), de se sentir en sécurité dans un environnement bien connu, largement exploré ?
C
Je suis phobique sociale, et je sais comme ne pas parler peut faire souffrir. A vous qui avez la chance d'échanger "en vrai" Ne vous posez pas toutes ces questions. Tant qu'il y a échange, approfondi ou pas, il y a vie. Et zut, qu'est ce que c'est beau la vie. Si vous saviez la chance que vous avez.
C
> Pivoine... je crois que j'ai trop tendance à couper les cheveux en quatre...c'est ce que mon mari m'a encore dit ce soir...:-))<br /> <br /> > Poulpi...mais que deviens-tu? tu es parfois si complexe, si hermétique...tu me dis sans doute qq ch d'important pour toi, pour moi...mais je ne comprends pas trop tu vois...je t'embrasse très fort<br /> <br /> > alors Lisa...le bilan de la semaine est-il bon??? Tu as raison chacun a à faire sa cuisine perso...<br /> <br /> > Forestine, j'aime ce que tu écris et qui rejoint ce que je pense profondément: pouvoir écouter ses intuitions, elles nous trompent rarement...mais on ne les écoute pas toujours, hein!
Coumarine, Petites paroles inutiles
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