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Coumarine, Petites paroles inutiles
4 mai 2006

Rien que des bras de bâton...

10_06_gd

Au croisement des détresses humaines, dans un sol dur et crevassé d’impatience, il se tient droit et fier.
Son regard est tourné vers ses pensées, tambourinées  par les tempêtes. Il rêve dans son vieil habit du dimanche, étriqué, délavé, risible à force de s’être effiloché au fil du temps, au fil du vent.
Il chantonne doucement un air de vieille polka. Mais son chant est de silence, car il est condamné à se taire. Sa bouche est cousue en zig zag de fils noirs.
Il lance vers le ciel des bras de bâton dans l’espoir d’atteindre les étoiles ses bien-aimées. Mais ses bras restent figés dans un geste suspendu et dérisoire, un geste horizontal dont il ne démord pas.
Il siffle un air de fête ou un air de tempête, signale aux passants les sillons et les dangers du chemin.
Mais sa gorge est nouée et les mots s’ankylosent tout au fond de sa voix perdue.

C’est un épouvantail. Tout le monde le sait et personne ne le regarde, sauf le mouton du pré, voisin placide, qui n’a nul besoin d’être serré dans des bras raidis.
Mais lui qui s’était pris pour un homme, l’espace de quelques soirées d’été, n’a même pas droit aux larmes...

(Je voudrais contacter Gepetto, on m’a dit qu’il lui est arrivé de donner vie aux marionnettes de bois…)

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Commentaires
A
C'est un joli texte... un souffle d'enfance.. un conte
A
Un épouvantail bleu dans un ciel de ma même couleur, magnifique image.<br /> Cette histoire aussi et magnifique, derrière nos barrières, nous sommes condamnés au silence, nous sommes transparents pour le reste du monde, il nous ignore.
D
Heureusement qu'il a un parapluie, parce que le ciel menace :)
V
Et il rit, il rit, derrière ses paupières de chiffon. Les humains rient de lui, et ne le voyent pas danser. Et pourtant, il danse...
N
Il est marrant cet épouvantail. Moi, il me fait penser à un landais descendant la colline sur ses échasses et essayant de ne pas se casser la figure...<br /> Souvenir d'enfance aussi quand ces grands bonhommes, chez moi toujours vêtus de noir, faisaient peur...
Coumarine, Petites paroles inutiles
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