Rien que des bras de bâton...
Au croisement des détresses humaines, dans un sol dur et crevassé d’impatience, il se tient droit et fier.
Son regard est tourné vers ses pensées, tambourinées par les tempêtes. Il rêve dans son vieil habit du dimanche, étriqué, délavé, risible à force de s’être effiloché au fil du temps, au fil du vent.
Il chantonne doucement un air de vieille polka. Mais son chant est de silence, car il est condamné à se taire. Sa bouche est cousue en zig zag de fils noirs.
Il lance vers le ciel des bras de bâton dans l’espoir d’atteindre les étoiles ses bien-aimées. Mais ses bras restent figés dans un geste suspendu et dérisoire, un geste horizontal dont il ne démord pas.
Il siffle un air de fête ou un air de tempête, signale aux passants les sillons et les dangers du chemin.
Mais sa gorge est nouée et les mots s’ankylosent tout au fond de sa voix perdue.
C’est un épouvantail. Tout le monde le sait et personne ne le regarde, sauf le mouton du pré, voisin placide, qui n’a nul besoin d’être serré dans des bras raidis.
Mais lui qui s’était pris pour un homme, l’espace de quelques soirées d’été, n’a même pas droit aux larmes...
(Je voudrais contacter Gepetto, on m’a dit qu’il lui est arrivé de donner vie aux marionnettes de bois…)