Choisir de partir

Une de mes élèves ne s'est pas présentée ce matin à l'atelier que j'anime.

M. a choisi de partir...

Choc

Et tout de suite les questions: qu'aurais-je pu faire de plus pour qu'elle ait envie de vivre?

Je la savais en grande détresse. Ce n'est pas la première fois qu'elle tentait de s'en aller, parce qu' il lui semblait que sa vie était trop difficile.

Je lui ai consacré du temps, de l'écoute, je l'ai accueillie dans mes ateliers alors que souvent elle "perturbait" par son trop grand besoin de parler.

Elle m'a dit souvent que le groupe était important pour elle.

Il y a quinze jours je l'ai vue pour la dernière fois, elle semblait paisible, souriante, heureuse d'être là.

Aujourd'hui à ma table de travail, il y a une place vide

Nous sommes tous sous le coup

Et cette question: pourquoi? qu'aurions-nous pu faire de plus, de mieux?

Et la peine aussi, elle était d'autant plus attachante qu'elle était passionnée, entière...

Les pulsions de vie et les pulsions de mort emmêlées en elle dans un écheveau inextricable

C'est quoi la vie, en définitive?

pourquoi cette souffrance indicible (qui ne peut pas se dire, tellement elle est profonde, ancienne, intense)

Et c'est comment qu'on s'en sort?

Peut-être le choix qu'elle a fait, était le seul possible pour elle, le seul "résilient"

Je ne sais pas...

Adieu M.

Comments

[Annick]

Quel sujet difficile et douloureux.

Un collègue de travail a ainsi abrégé sa vie. Le jour où il n'est pas venu au travail.. nous savions tous au fond de nous ce qu'il était parti faire.

Quand la décision est prise, je pense que rien ne peut y faire.
Sauf un suicide raté.. qui permet à certains de prendre conscience de la chance d'être en vie, malgré les difficultés à vivre.

[coumarine]

Merci pour votre passage à tous...oui, ce ne sont pas des moments faciles, non parce que j'ai une énorme peine, mais parce que c'est une fameuse remise en question

[Vertumne]

Devoir se faire à l'idée qu'il n'y a pas de réponse... mais ça n'enlève rien à la douleur.
«Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter» (Cioran, Syllogismes de l'amertume, 1952)

[Pralinette]

Des moments difficiles ma chère Coum... je pense fort à toi, même en vacances ; je rentre dimanche soir et te retrouve tout bientôt. Gros bisous et bon week-end

[Alainx]

Il y a une erreur souvent commise : se croire "responsable", (quand ce n'est pas coupable!) du suicide de l'autre.

tu écris :
"Il y a quinze jours je l'ai vue pour la dernière fois, elle semblait paisible, souriante, heureuse d'être là."
Je fais une simple hypothèse : sans doute sa décision était prise.

Un de mes amis s'est suicidé (cela remonte à 25 ans environ), souvent je pense à lui et il a "pris place" en moi. Je sais le désarroi que cela génère sur le moment.