Le chant funambule
Je n'oublierai pas le chant de mes années noires, celui des âmes affamées, celui qui rejoint le chant douloureux, rauque, lancinant de toutes les femmes du monde, serrées dans leur gangue, muselées dans leurs révoltes, souffletées, mutilées, figées dans leur béatitude de prèt-à-porter...
Je n'oublierai pas davantage le chant profond, grave et pourtant joyeux, qui toujours en moi cherche obstinément ses racines et les sillons où circule la source vive. Ce chant primordial des espérances, qui resurgit sans fin comme un miracle là où la branche s'est pourtant rompue.
Ce chant stupéfiant, inattendu, qui funambule inlassablement au travers des ciels lunaires, ceux-là seuls qui sont capables d'entendre l'essentiel...
Les pousses neuves jailliront au printemps, c'est-à-dire très bientôt, c'est-à-dire demain...