Glenn Gould... mon empereur à moi
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé le concerto n°5 pour piano de Beethoven (concerto pour l'empereur). C’est je crois bien, le premier morceau de musique classique que j’ai écouté autrement que dans l’attente ennuyée que « cela » se termine.
Et chaque fois, c’est pareil, je guette comme ramassée sur moi-même que s’envolent les premières notes du piano.
Et chaque fois, c’est pareil, j’ai beau m’y attendre, m’y préparer, les espérer, les prévoir, les deviner, les respirer… les notes qui timidement démarrent dans le silence respectueux de l’orchestre, me surprennent et s’infiltrent en filaments de feu jusque dans les moindres cellules de mon cœur et de mon corps.
Et chaque fois, c’est pareil, ça frémit, ça frissonne, ça vibre dans mon dos, dans mon ventre, je reste immobile pour mieux les savourer, les intégrer. Une à une, dans des cascades diaprées, elles glissent sur ma peau, c’est physique, c’est magique…
Et quand le piano s’enhardit, s’aventure à l’audace, se déchaîne dans les ruissellements de ses notes perlées, quand au même moment, les autres instruments se mettent à lui répondre, j’assiste émerveillée à ce dialogue incroyable qui me parle de beauté absolue… C’est un lieu unique de bonheur, que je savoure seule, en harmonie avec la vie…
La deuxième partie de ce concerto que je vous mets ici, est joué par l’incroyable pianiste qu’est Glenn Gould. Je l’aime, je l’adore…Il vit sa musique, il la chante, il la danse en même temps qu’il la joue, réfugié dans une transe qui me subjugue, parce que quelque part, je l’y rejoins. Quand j’écoute cela, je suis partie, loin, je suis intouchable…