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Coumarine, Petites paroles inutiles
26 novembre 2008

Se méfier des sentiments qui brûlent...

Quelques mots de Charles Juliet dans son Journal intitulé "Au pays du long nuage blanc", quelques mots qui me parlent ce matin...

"Depuis bien des années, l'écriture m'a permis de me déverrouiller. Le jour où j'ai compris qu'écrire, c'est se livrer, donner ce qu'on est, ce qu'on porte en soi, j'ai voulu dire ce que j'avais à dire sans me laisser brider par des peurs, des censures, telle ou telle considération. Ce que je dévoile de mon activité intérieure, mon lecteur peut le retrouver en lui. Je me repose donc sur cette idée  que nous avons tous deux beaucoup en commun, et que je n'ai pas à redouter ce qu'il pensera de moi"

Je pense en effet que ce que j'écris, que ce soit ici ou dans mes écrits papier, rejoint le vécu de pas mal de gens. Ils me le disent, ils me l'écrivent. Parfois au contraire, ce qu'ils vivent est très différent, mais mes mots les interpellent, les font réfléchir (ou rire...) Or, mon  but premier en écrivant, c'est de mettre par écrit ce qui moi, m'a frappée dans le banalement quotidien de ma vie, ce que j'en tire comme enseignement de vie.

Les blogueurs en général sont ouverts à cette démarche de l'écriture qui "raconte le soi". Même dans les petits riens de la vie quotidienne. Ils expérimentent qu'ainsi ils touchent les autres, à divers points de vue et qu'ils peuvent avoir un impact (positif de préférence) qu'ils ne soupçonnent pas en écrivant tel ou tel billet.

Mais bien des non-blogueurs, ou ceux qui ne sont pas familiarisés avec cette démarche du "dire de soi", sont facilement scandalisés par ce qu'ils considèrent comme du déballage en public, comme une mise à nu totalement impudique. Ils ont des mots très durs concernant les blogs de type journal.
Pour eux on lave son linge sale en famille, et même son linge tout court. Ce qui se passe dans son intériorité ne regarde personne, il ne faut pas en parler, c'est indécent. Il faut veiller à ne jamais perdre la face.  Semer au grand vent du net des anecdotes personnelles ne se fait pas. Et on ne parle surtout pas, à personne, des déchirures que la vie nous occasionne. Et on n'écoute surtout pas l'autre quand il fait part de ses propres déchirures, qu'on balaie d'un rapide c'est pas grave ou mais tu fais tout un monde de pas grand chose ou dors ça ira mieux demain...

A croire que les sentiments qui "touchent", sont des sentiments qui  "brûlent". Il faut donc s'en préserver en les ignorant... en faisant comme si...
Et c'est comme ça qu'on en arrive à vivre côte à côte, comme des étrangers, qu'on croit connaitre, le plus souvent en les étiquetant...

C'est d'ailleurs curieux que certains blogueurs en arrivent à être plus "proches" de leurs amis virtuels que de membres de leur famille... Mais il est clair qu'on se "regroupe" par affinités, par intérêts de pensée...

Bref, quelques réflexions au départ de ces lignes de Charles Juliet lues ce matin

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Commentaires
C
@Gilda...merci pour cet intéressant commentaire<br /> Tu dis qqch qui me frappe:c'est qu'on permet à des écrivains reconnus de dire des choses qu'on critique chez des blogueurs moyens...<br /> <br /> @D&D...finalement je me demande vraiment si c'est une bonne chose de se rendre à ce point vulnérable. Je suis dans une période de doute en ce moment!<br /> Je t'embrasse
G
Pardon, j'arrive comme presque toujours à retardement et n'ai pas le temps de lire ceux qui me précèdent. <br /> <br /> Merci pour cette citation de Charles Juliet qui me fait chaud au coeur.<br /> <br /> Bien d'accord avec toi au sujet de cette frontière entre ceux qui admettent et ceux qui n'admettent pas. En plus qu'elle se complique d'une autre ligne de fracture entre ceux qui comprennent certaines choses quand elles sont sur papier dans des livres et les rejettent et les méprisent lorsqu'elles sont à l'écran. Quelque chose comme : on autorise aux (grands) écrivains ce qu'on méprise s'il s'agit de blogueurs (moyens).<br /> <br /> En même temps je comprends fort bien l'attitude de ne pas se livrer. C'est quelque chose que je ne fais à l'oral qu'avec les plus grandes difficultés surtout après ce qui est survenu dans ma vie ces dernières années (en grossièrement résumé : perdre 3 sur 4 de ses amis les plus intimes parce qu'on leur a confié le malheur(maladie d'un enfant grand)qui survenait. Peur de la maladie, réactivation d'anciennes souffrances, ils ont pris leur distance ou carrément fui.<br /> En revanche, à l'écrit, je parviens à franchir ce barrage. Sans doute précisément à cause du lecteur potentiellement empathique qu'évoque Charles Juliet.<br /> <br /> Enfin je crois qu'il est en fait assez courant adulte de se sentir plus proche de ses amis que de sa famille d'origine. En revanche si c'est aussi le cas de la famille qu'on a soi-même éventuellement contribué à fondé, c'est plus embêtant.
D
Houlala, je vais avoir terriblement envie de lire Charles Juliet, moi...<br /> En embrassant bien fort ma Reine, qui nous rappelle encore la beauté qu'il peut y avoir "à se rendre vulnérable" ;-)<br /> Restons donc du côté du vivant ! (Le social a déjà bien assez de place comme ça... C'est qu'il voudrait nous bouffer tout entier et tout cru, celui-là !)
C
@Alessandra<br /> merci pour ta visite<br /> merci pour ton témoignage<br /> Tu es la bienvenue ici...
A
A chaque fois que j'assiste à un spectacle, je suis stupéfaite par ces artistes qui sortent de l'anonymat et qui, grâce à leur art, deviennent des êtres à part entière. J'ai enfin ressenti un apaisement, une paix intérieure en applaudissant les danseurs et gymnastes du cirque du soleil.<br /> Par le biais de l'expression (théâtre, dessin, écriture, danse,...) l'individu explore son intériorité. Si on lui coupe ses facultés, ce 'don', il finit par mourir. C'est une essence vitale (comme respirer, dormir, se nourrir).<br /> Se révéler en quelque sorte, s'offrir au public qui le découvre.<br /> J'ai accouché de mon passé douloureux le jour où j'ai compris que Dieu (ou la conscience supérieure)m'a donné en cadeau une possibilité d'exorciser toutes mes souffrances.<br /> L'écriture est ma nourriture spirituelle, émotionnelle et comble tous mes vides.<br /> Qu'elle serve de thérapie, qu'elle puisse me définir et me rapprocher de l'autre.<br /> Mais aussi, tout comme ces artistes qui embrassent les scènes de théâtre journellement, me faire sortir de l'anonymat. Sans prétention aucune, avoir le sentiment d'être 'un tout petit peu' plus imortante, que mon écriture soit un prolongement de moi lorsque je disparaîtrai. Beaucoup de personnes que je connais diraient : "On ne lave pas son linge sale en public". Qu'importe, tout comme toi, Coumarine, j'ai besoin de me sentir écouter, m'exprimer, semer un peu de moi-même au travers d'une feuille de papier...tout en gardant une part de secret, jamais révélé. Pour enrichir ma personnalité et garder une 'trace' de moi...<br /> Alessandra
Coumarine, Petites paroles inutiles
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