Se parler, s'écouter, se comprendre
J'ai cinq enfants. Parfois j'aimerais parler d'eux ici. Ils ont tous leurs joies et leurs peines, oui j'aimerais en parler. Dire, faire savoir, partager, cueillir auprès de vous des brins d'espérance pour tout ce qui va moins bien.
Je ne peux pas. Leur histoire leur appartient, je ne peux pas.
Mais mes enfants ont leur place dans ma vie. Ne pas pouvoir parler d'eux, de ce qui les tracasse et me tracasse en le même temps, est parfois difficile.
Mais je ne peux pas. Alors je me tais, ici.
Et pourtant je vais vous parler de quelque chose quand même.
Et ce sera une bonne chose, une chose qui dilate le cœur. Qui me dilate le cœur
Un de mes enfants vivait une déception par rapport à moi, peu importe pour quelle raison.
Je sentais depuis quelques jours qu'il y avait quelque chose qui clochait entre nous, mais je ne savais pas quoi, ou plutôt pas vraiment, ou plutôt, je préférais ne pas le savoir.
Et mon enfant m'a écrit.
Simplement. Dans la vérité.
Sans accuser. Son ressenti, rien que cela. Pas de jugements. Pas d'accusation, Simplement son sentiment de chagrin.
Et j'ai pu entendre cela, sans me sentir accusée, agressée ou trop attristée par ses sentiments négatifs, ce qui m'aurait conduite à lui répondre en réagissant "contre", en me défendant.
Il n'y avait pas à me défendre, puisqu'il ne m'accusait pas
Simplement il me disait ce qui le chagrinait.
J'ai pu entendre.
Et comprendre.
J'ai attendu un jour avant de lui répondre. Le temps que cela fasse son chemin dans mon cœur de mère
Alors je lui ai répondu.
Il s'est senti à son tour écouté et compris. Respecté dans son ressenti.
Puis, mais seulement après, nous avons pu trouver une attitude juste qui allait pouvoir nous satisfaire l'un et l'autre.
On a fait cela.
Et je suis fière.
Fière de nous. De lui. De moi. De nous, capables de nous écouter, de nous comprendre...
Et de nous aimer...
Sculpture de Béatrice Tabah