Jamais l'une sans l'autre...
Y a-t-il une frontière entre joie et détresse?
L'une ne s'alimente-t-elle pas de l'autre?
Joie qui s'emmêle dans la détresse
Détresse qui s'insinue dans la joie
S'il n'y avait que de la joie dans la joie, ça finirait mal.
Ça finirait à rien. Comme une flamme qui s'éteint
Idem pour la détresse. La détresse toute seule, ça finit en momie, en statue pétrifiée de douleur.
Au plus profond de mes joies, je vis de la détresse. Je n'y coupe pas.
Détresse comme des coups au cœur soudains, des angoisses indicibles, de passer à côté de la joie, de rater le coche, que à minuit, le carrosse ne redevienne une citrouille.
Idem pour la détresse.
Au plus sombre de mes détresses, il y a des éclairs de tendresse, reçue et donnée. Il y a des sourires qui éclairent le chemin rocailleux et amer.
Un exemple.
Le jour de mon mariage
Joie intense. Je suis mariée. Je quitte ma famille. Enfin! J'ai attendu ce moment avec tant d'impatience.
Et pourtant, sur le chemin qui me mène vers ma vie à deux, je vais vivre une angoisse terrible: et si je m'étais trompée? Mais qu'est-ce qui m'a pris de lier ma vie à cet homme? D'abord qui est-il vraiment? Et moi, je voulais quoi exactement? Des questions comme des couteaux. Dans la voiture, j'ai les larmes aux yeux... Lui croit que je suis émue... ne se doute pas un instant de ma détresse intérieure...
Un exemple encore
Pendant dix ans j'ai souffert de spasmophilie. Terrible. J'en parlerai peut-être un jour. Enfer quotidien. Il faut lire le témoignage de ceux qui en ont souffert.
Et pourtant, pendant ces dix ans, j'ai vécu des joies profondes, ou infimes, des rayons de soleil jaillis dans ma vie sans l'avoir demandé, des tendresses et des sourires de ceux que j'aime, des soulèvements de mon âme devant la beauté.
Je ne suis jamais dans la joie complète
Je ne suis jamais dans la détresse absolue
Peut-être est-ce cela être vivant?
Photo Coumarine