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Coumarine, Petites paroles inutiles
10 novembre 2009

Que serais-je sans moi

Vous connaissez ce poème d'Aragon mis en musique par Jean Ferrat, poème qu'il a écrit pour son grand amour Elsa Triolet?

Installez-vous, écoutez le début (qui est le refrain chez Jean Ferrat)

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant?
que cette heure arrêtée au cadran de la montre
que serais-je sans toi que ce balbutiement?

C'est magnifique n'est-ce pas?
Reconnaître ce que l'on est, ce que l'on devient, grâce et avec l'amour de l'autre...
Sans toi dit le poète, je ne vis pas dans la plénitude de qui je suis, je ne suis que balbutiement, heure arrêtée, cœur dormant. C'est toi qui m'encourages à déployer mes ailes et à vivre au plus large de moi-même. Ton regard aimant sur moi ouvre ma vie, invente mes richesses, colore mes espérances
Oui c'est magnifique...

Hier j'ai fait une expérience étonnante. J'ai chanté ces mots en changeant le pronom TOI par le pronom MOI.
Que serais-je sans moi...
Non pas comme une proclamation d'un ego surdimensionné du genre je me suis faite toute seule, je me suffis à moi-même, je n'ai besoin de personne. Pas davantage comme une affirmation un peu désespérée quand effectivement il n'y a personne pour nous raconter notre beauté, notre bonté... non ce n'est pas ça du tout, comprenez-moi bien.

J'ai simplement, courageusement et humblement, (car il faut du courage et de l'humilité pour faire ça) chanté ces mots en reconnaissant que tout se trouve en moi, la beauté et la bonté de ma personne, que je n'ai pas à la chercher sans cesse autour de moi et auprès des autres, que je n'ai pas à mendier la permission d'exister, la permission d'être et faire ce qui est bon pour moi d'être et de faire...
Je suis moi... quelle chance j'ai... que serais-je sans ce moi qui m'habite et ne souhaite que grandir en sagesse et en fantaisie, en créativité, et développer au maximum toutes ses qualités bien présentes en germe ou en pousses fragiles.

Se dire à soi-même: merci d'être, et merci d'être qui tu es. Apprendre à s'aimer aujourd'hui telle que l'on est, pour pouvoir déployer ses zones d'ombres et de replis.

Bien sûr c'est là le seul et unique chemin pour aller vers les autres et les aimer dans une attitude juste (donner/recevoir) et pas dans une revendication éplorée et sans fin d'être aimée et reconnue

Oui, que serais-je sans moi...

collandre612

Peinture de Françoise Collandre

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Commentaires
E
C'est un si beau poème, et une si belle chanson aussi. Mais je dois avouer que moi, je comprenais "que ce bal du ciment" et je n'y étais pas trop!
M
J'adore cette chanson, j'aime Aragon, son oeuvre, sa vie, son amour pour Elsa Triolet, j'aime cette liberté de modifier le texte pour en faire le point esssentiel de la vie : l'estime de soi ! <br /> Bisous coum'
P
Tiens, c'est marrant, parfois à la maison, quand ma femme n'arrive pas à attraper quelque chose en hauteur, ou qu'elle se bat avec l'imprimante, ou qu'elle a besoin d'une troisième main dans un montage compliqué, je lui chante souvent <br /> " Que serais-tu sans moi ? "<br /> <br /> Donc, c'est une chanson universelle !
C
ça va me mettre en super forme ça ! Merci... C'est bien dit.... Le dire, le répéter, même un peu mécaniquement et finir par s'en persuader : ça a été ma technique pendant quelques temps. Mais en te lisant, je m'aperçois qu'il y a là quelque chose à recommencer.... toujours. Bonne journée.
A
Peut-être est-ce un des atouts de l'âge et du temps, apprendre à s'écouter, à se faire confiance, à s'aimer aussi...Moi qui tous les jours changerais ma peau contre celle d'une autre, j'admire cette sérénité - j'allais dire force - qui se dégage de ce que tu écris. Je me doute que jamais rien n'est donné, et que ce que tu es aujourd'hui est le fruit d'un parcours, mais je crois que tu as raison, que tu peux faire une pause et dresser le bilan de ce qu'il y a de "bon" en toi. Malheureusement, je n'en suis pas là, mais sans doute est-ce que je n'ai pas encore parcouru tout le chemin... Deviendrai-je un jour, comme tu l'es avec toi, ma meilleure amie? Je l'ignore. <br /> J'aime aussi Aragon. Connais tu ce poème, intitulé "Ce que dit Elsa", in Le Cantique à Elsa ( publié chez Seghers dans le recueil Les Yeux d'Elsa) , l'un de mes préférés, dont je t'offre quelques vers, à la volée: <br /> <br /> "Que ton poème soit l'espoir qui dit A suivre<br /> Au bas du feuilleton sinistre de nos pas<br /> Que triomphe la voix humaine sur les cuivres<br /> Et donne une raison de vivre<br /> A ceux que tout semblait inviter au trépas<br /> <br /> Que ton poème soit dans les lieux sans amour<br /> où l'on trime où l'on saigne où l'on crève de froid<br /> Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds<br /> Un café noir au point du jour<br /> Un ami rencontré sur le chemin de croix"
Coumarine, Petites paroles inutiles
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