Le dé-visage
Elle marchait dans la rue. Tranquille. L'âme en paix.
Soudain deux ou trois personnes se sont arrêtées à sa hauteur. Brusquement. Et l'ont dévisagée, avec insistance. Pendant une longue minute. C'est long une minute quand on est dévisagée de cette façon!
Dévisagée, oui c'était bien le mot adéquat , et c'était là l'expérience qu'elle était en train de vivre
Elle se sentait dé-visagée, dé-figurée par ces regards qui la détaillaient d'un oeil interrogateur
Attends se dit-elle... qu'est-ce qu'il a mon visage, pourquoi on me regarde ainsi? Ai-je l'air folle? Ai-je mis ma culotte à l'envers? Ou deux chaussures différentes? Ai-je gardé mon bonnet de nuit en me levant ce matin? Je sens mauvais peut-être? Oui, ça doit être ça! ou alors j'ai un teint de cadavre... Zut on dirait que mes dents ne sont plus dans ma bouche? Ou alors ma langue a fourché?
Au secours, que se passe-t-il? Qu'est-ce qui ne va pas? Cessez de me dé-visager, arrêtez de me regarder comme ça!...
Comme quoi...
On veut bien (on souhaite même) être reconnu(e), sortir de la masse, être regardé(e), ne pas compter pour du beurre...
Mais surtout pas être dé-visagé(e)...