Une grande valise bourrée de tendresse
Il y a cinq ans, j'ai réalisé un rêve qui me tenait à cœur: j'ai écrit, monté et interprété trois lectures-spectacles...
L'un de ces spectacles raconte des histoires de valises, des grandes, des petites, des drôles, des tristes, tout comme la vie... Ces valises surgissaient de mon "réel"... il me suffisait d'observer et d'écouter: les idées ne manquaient pas!
Ainsi la valise du "clini-clown" dont je parle dans mon billet précédent, est née en repensant au long séjour en clinique d'un de mes enfants, ainsi que de l'accompagnement pendant quelques années de familles étrangères dont l'enfant était hospitalisé dans la clinique universitaire près de chez moi, pour des motifs graves (greffes, maladies rares)
En rangeant mes documents, j'ai trouvé que c'était dommage de laisser ces valises reposer tout au fond de mon PC. J'ai eu envie de vous les partager: elles ont plu il y a cinq ans, peut-être aujourd'hui vous les lirez avec intérêt...
La valise que je vous présente aujourd'hui est celle que j'ai écrite quand ma fille ainée et son mari sont partis en Chine, avec d'autres couples, pour... ben lisez, vous verrez (et puis j'en ai déjà parlé... certains s'en souviendront...)
(euh...ces textes ont été joués, donc sont protégés par un copyright)
Cette énorme valise attend depuis des mois les yeux accrochés au ciel bleu à rêver de l’impossible qui deviendra possible. Cela fait des mois qu’elle se fait belle et pleine pour l’enfantement de la tendresse. C’est vous dire qu’elle est bourrée à craquer d’espoirs et de larmes, de paperasseries incroyables, de biberons et de langes, et de mille trésors d’amour.
Elle a beau être forte et vigoureuse et courageuse, elle a le cœur un peu serré. Et elle se pose des questions du genre : « n’ai-je rien oublié ? » Mais elle est un peu sotte, elle se prépare depuis si longtemps… Et puis elle n’est pas seule. Il y a d’autres valises avec elle qui ont aussi rêvé de l’impossible, et elles bavardent bras dessus bras dessous pour se donner du courage.
Aujourd’hui enfin, le compte à rebours a commencé…
La valise impatiente, fébrile, anxieuse, vient de disparaître sur le tapis roulant qui s’envole vers là-bas.
Dans quelques heures, elle débarquera ébahie dans un monde aux yeux bridés et s’appliquera à reconnaître sa princesse aux cheveux noirs, sa petite douce, sa tendre et belle enfant…
Il était une fois un homme et une femme, jeunes et beaux, mais condamnés pourtant à être orphelins d’enfants.
Alors ils sont allés là-bas, le cœur en fête, les bras en berceau et sont revenus parents d’une enfant qui ne leur ressemble pas…
Une petite princesse aux yeux de feu abandonnée sur le trottoir d’un pays qui rejette ses filles.