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Coumarine, Petites paroles inutiles
5 février 2009

La petite valise magicienne

Valise_ClownC’est une valise qui fait que rire…

Elle arrive comme ça, tout de go, sans prévenir, à l’unité de pédiatrie neuvième étage de cet hôpital, elle bondit de chambre en chambre, et comme un charmeur de serpents, rassemble les enfants dans le local, tout au fond du couloir.

Ce local fait semblant d’être une salle de jeux. D’ailleurs tout le monde fait semblant d’y croire, et c’est pas trop difficile, parce qu’il y a des dessins pleins de couleurs, mille évasions de livres, des tendresses de peluches, des jeux pour rêver d’être garagiste, ou cuisinier, ou informaticien…

Alors, la valise se déguise, on ne voit plus du tout que c’est une valise, c’est un clown qui fait le clown, un magicien qui fait de la magie, un conteur qui raconte, un chanteur qui chante…

Et les enfants… ? Eh bien les enfants battent des mains, chantent de bonheur, rient, ils sont heureux…

Ce sont des enfants au visage gris, au petit corps crevette. Tiens, ils n’ont pas de cheveux. ...C’est peut-être la mode au neuvième étage de ce bâtiment. Evidemment  comme ça, plus moyen de savoir s’ils viennent du Nord ou du Sud. Ils sont donc tous copains, ils ont le même uniforme, celui de la maladie.

Et ces enfants copains rient du même bonheur, le bonheur de la petite valise allumeuse de joie

Brave petite valise…

Parce que, quand elle quitte le neuvième étage après mille bisous et mille au revoir,  redevenue une petite valise ordinaire, elle a deux larmes dans le coin de ses yeux d’amour : dans sa maison, il y a des  photos d’un petit garçon aux boucles d’or, aux joues rebondies et roses.
Qui rit à la vie.

Mais la maison est étrangement silencieuse…



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Commentaires
M
Oh, Coumarine... Je reviens de vacances et tu me fais pleurer... Quelle justesse de ton! Cela me rappelle mon récent passage au CHU, il y avait des clown dans le service, qui passaient en vitesse dans le couloir pour se rendre à l'extrémité de l'aile, celle des enfants chauves enfermés dans leurs bulles parfois. Les parois de la chambre étaient vitrées, et un jour, j'ai vu passer un enfant à la tête immense, aux yeux cernés, tenant le pied de sa perfusion. Et j'ai relativisé mon passage dans l'unité, car je savais que nous allions ressortir bientôt et que ma fille serait guérie, elle. Je conserve en moi cette image, elle me rappelle notre fragilité face aux éléments. Merci de ta tendresse!
C
@Lorraine...juste merci ;-))
L
Coum, que tu n'as pas écrit ce billet pour qu'on te dise "Il est beau, il m'a émue"...Mais tu l'as écrit avec une telle sensibilité, un tel coeur, qu'on ne peut rester indifférent à tes mots. Ils touchent, ils brûlent, ils font mal et ils font du bien, parce qu'on se dit que des hommes et des femmes inconnus font tout leur possible pour "aider", pour "aimer", qu'ils soient infirmiers, soignants, médecins, clowns, ou comme toi, écrivaine. Bises, Coum.
C
@Saravati... tu connais aussi ce fameux neuvième étage...<br /> j'espère que ta fille va bien à présent...
S
J'ai connu le neuvième étage, j'y ai rencontré Justin, quelques minutes derrière sa cage vitrée, et quelques paroles avec son père devant la vitre, Justin m'a souri et puis il a disparu, j'ai pensé à lui dernièrement et je lui ai écrit un texte... il aurait 20 ans aujourd'hui...<br /> Au neuvième étage, était également dans un autre service une de mes enfants qui y restée un mois pleine de tuyaux de toutes sortes, elle n'a pas eu l'occasion de rencontrer la valise à l'époque, mais dans sa chambre-dortoir, elle voyait défiler tant d'enfants qui venaient pour quelques jours et repartaient aussi vite. Sur son lit d'hôpital, elle a fêté un troisième anniversaire sans gâteau, alimentée artificiellement, j'ai de ce jour-là une photo magnifique d'un petit ange aux cheveux bouclés ...
Coumarine, Petites paroles inutiles
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