La petite valise magicienne
C’est une valise qui fait que rire…
Elle arrive comme ça, tout de go, sans prévenir, à l’unité de pédiatrie neuvième étage de cet hôpital, elle bondit de chambre en chambre, et comme un charmeur de serpents, rassemble les enfants dans le local, tout au fond du couloir.
Ce local fait semblant d’être une salle de jeux. D’ailleurs tout le monde fait semblant d’y croire, et c’est pas trop difficile, parce qu’il y a des dessins pleins de couleurs, mille évasions de livres, des tendresses de peluches, des jeux pour rêver d’être garagiste, ou cuisinier, ou informaticien…
Alors, la valise se déguise, on ne voit plus du tout que c’est une valise, c’est un clown qui fait le clown, un magicien qui fait de la magie, un conteur qui raconte, un chanteur qui chante…
Et les enfants… ? Eh bien les enfants battent des mains, chantent de bonheur, rient, ils sont heureux…
Ce sont des enfants au visage gris, au petit corps crevette. Tiens, ils n’ont pas de cheveux. ...C’est peut-être la mode au neuvième étage de ce bâtiment. Evidemment comme ça, plus moyen de savoir s’ils viennent du Nord ou du Sud. Ils sont donc tous copains, ils ont le même uniforme, celui de la maladie.
Et ces enfants copains rient du même bonheur, le bonheur de la petite valise allumeuse de joie
Brave petite valise…
Parce que, quand elle quitte le neuvième étage après mille bisous et mille au revoir, redevenue une petite valise ordinaire, elle a deux larmes dans le coin de ses yeux d’amour : dans sa maison, il y a des photos d’un petit garçon aux boucles d’or, aux joues rebondies et roses.
Qui rit à la vie.
Mais la maison est étrangement silencieuse…