Le voleur de temps
Parfois je m'amuse...
Je m'amuse à écrire "spontané", çàd en laissant spontanément venir les mots et forcément les émotions. Je ne censure rien. Je me donne quelques minutes, je m'installe au clavier et j'y vais... J'ai déconnecté le cerveau rationnel, et je me donne la permission d'y aller, là où me mènera l'intuitif.
Cela donne le plus souvent un texte de cacophonie...incompréhensible et que je jette aussitôt. Mais cet exercice n'est pas inutile, il ouvre des portes inattendues, il déclenche le processus de l'acte d'écrire, il me permet d'avoir accès à une part de mon imaginaire, la plus enfouie peut-être, la plus décalée en général...
J'ai fait ça ce matin...pendant dix minutes et en avant...
Puis j'ai trouvé que ces mots, apparemment sans explication logique, en avaient une, en tous cas pour moi...
J'ai repris mon petit texte et je l'ai travaillé un peu en veillant à lui laisser le plus possible sa spontanéité première, j'ai aménagé les mots avec des répétitions (j'aime ça...je trouve que cela donne un aspect un peu lancinant à un texte...et parfois c'est exactement ce que je veux faire passer; le caractère lancinant des choses...)
Et parfois, je suis étonnée de ce qui me vient quand je ne me censure pas... souvent le sombre, alors que je suis essentiellement quelqu'un de positif... Madame de K...a écrit à ce sujet: qu'il était plus facile d'écrire dans la texture sombre, voire désespérée, que d'évoquer avec sensibilité les frissons de bonheur, comme j''ai essayé de le faire dans mon billet précédent? (à relire éventuellement un autre billet que j'ai consacré aussi à ce sujet)
A tenter comme expérience, si le cœur vous en dit...
Le
temps de vivre,
disais-tu...
mais tu disais quoi au fait sinon toujours la même rengaine,
la même musique, celle qui monte de l'ivresse solitaire,
celle qui s'engouffre en cascades rebelles dans les branches en déroute de l'arbre
fier.
L'orage m'empêche de vivre, disais-tu..
mais l'orage n'est rien
d'autre qu'une absence qui fait du bruit et se répercute en ondes sur le visage qui vieillit dans le trouble et le brouillard de l'enfantement
perpétuel, celui qui conduit à la dérision de l'autre côté du miroir.
Le
temps de vivre, disais-tu...
et le
canon appliqué contre ta tempe, tu rêvais que tu pouvais recommencer
l'histoire...
Mes mains, disais-tu...
tes mains racontent des litanies
de mendiant, dans lesquelles se
morfondent les derniers souvenirs d'automne. Comment vivre à l'ombre
d'une statue, silhouette errant pour toujours sur des chemins hypocrites?
Ma tête, disais-tu...
Ta tête danse dans ses cacophonies
habituelles, ses échos de pacotille, ta tête se réfugie dans son
chapeau d'illusion, juste un
baiser, rien d'autre, non ne me touche pas ailleurs, n'allume pas
l'incendie dans mon corps effarouché.
Le temps de vivre, me disais-tu, mais je suis couchée là, tu me regardes
et je suis en train de mourir.