Une magicienne qui ne dit pas son nom...
Ils sont arrivés et aussitôt les murmures qui circulaient de-ci de-là dans la salle, sorte de brouhaha indiscipliné et flou, se sont tus. Instantanément! Stoppés net: la salle tout entière polarisée soudain vers la scène, dans une attente curieuse et fervente.
Ils ont salué, les mains de la salle ont applaudi. Comme toujours...
Ils se sont installés tous les quatre, ont formé un demi-cercle, prenant bien soin d'offrir aux yeux de tous, l'envers et l'endroit de leurs faits et gestes.
C'est alors que le silence s'est répandu comme une trainée de poudre... la magie pouvait commencer!
Et la magie est née de ces quatre archets qui tricotaient là devant nous, leur musique tour à tour tendre et nostalgique, fougueuse et déterminée...
Et la magie d'un seul coup m'a comme toujours, cognée dans la poitrine, soudain trop petite pour contenir tant de bonheur. Ma respiration haletait ou tanguait doucement sous les coups d'archet rapides et mesurés du premier violon, qui par moments décollait littéralement de son siège: tout son corps habitait la musique, avec une passion incroyable.
Et tout mon corps aussi, et tout mon cœur habitaient la musique, je lui avais largement ouvert la porte, affamée et reconnaissante déjà, et elle s'y engouffrait comme toujours sans pudeur et pourtant pleine d'amour.
Personne... personne ne se rend compte dans ces moments là, que j'ai des larmes dans les yeux, que quelque chose qui ressemble à un intense bonheur de vivre, envahit tous les recoins de mon être, que je tangue, vole, décolle au rythme de cette envouteuse... LA MUSIQUE, qui parle avec une telle force au travers du talent des musiciens magiciens...
C'était il y a quelques heures, aux concerts du midi, rue de la Régence à Bruxelles ... je me suis jetée consentante dans les bras de Schubert et de Mendelssohn...
Je vogue encore...
Edit: et pour ceux qui cherchent bien...une petite surprise sur le blog...