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Coumarine, Petites paroles inutiles
18 mars 2008

Une Renaissance

Petite, tout le monde m’appelait Nini. Et mon jeune frère Luc qui me suivait d’un an, on l’appelait lulu. Les petits Nini et Lulu étaient inséparables, comme des jumeaux qui s'aimaient fort: quand on voyait l’un, on savait que l’autre n’était pas loin.
Ils ont tout partagé, les chagrins, les galères et les tendresses, les compotes purées, les punitions dans le coin, le pain rassis  lancé aux canards, les siestes obligatoires…

Plus tard, quand le temps de Nini et Lulu fut définitivement relégué au grenier avec les vieux jouets cassés, arriva le temps de Nic et Luc. On m’appelait Nic désormais. Nic qui sonnait dru et sec, rapide et efficace : Nic, viens ici, Nic, range ta chambre, Nic, arrête de parler, Nic, arrête de te taire….

Nic aimait ce diminutif, le préférant de loin au prénom de Nicole, qu’elle jugeait désuet et vieillot. Qui donc s’appelait Nicole dans son milieu scolaire… sinon des godiches, des nulles, des moches, des Nicolenicravate comme on l’appelait parfois pour se moquer d’elle.
Nicole pendant des années a donc oublié son prénom, elle a refusé d’ailleurs qu’on l’appelât comme ça.

J’étais Nic, rien d’autre...

Et quand je me suis mariée, j’ai adopté d’emblée le nom de mon mari. Façon pour moi de couper les ponts avec une enfance difficile, de devenir une autre personne, de me donner des chances de renaissance. Nicole Versailles n’existait plus que dans quelques documents officiels mais partout ailleurs, j’étais Nic L. et soulagée  de l’être.

Il n’y a que quelques années (depuis que j'écris en fait) que je me suis réconciliée avec mon nom de famille originel, que je me le suis réapproprié dans son entièreté. Les amis qui me connaissent depuis toujours ont du mal d’ailleurs et continuent, malgré mes demandes, à m’appeler Nic..

Je me demande si ce texte serait taxé d'exhibitionniste par ma famille d'origine si elle me lisait. Il est vrai que je publie ici un texte personnel sous mon vrai nom...

Finalement le fait d'avoir brisé mon anonymat me permet de raconter des anecdotes que Coumarine n'aurait pas pu raconter de la même manière (avec le jeu des surnoms par exemple...). C'est curieux

Tiens il faudra que je pense à ajouter un chapitre à Tout d'un blog: de l'importance de révéler son identité pour raconter des anecdotes personnelles...ça aide et non le contraire

Enfin...c'est pas sûr...

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Commentaires
C
D&D...non je dois encore en parler!<br /> je vais le faire demain sans faute...
D
"ça aide et non le contraire<br /> Enfin...c'est pas sûr..."<br /> Ah non mais vraiment, c'est quoi ces ambivalences ??? :-)<br /> C'est beau à lire cette réappropriation du nom...<br /> Mais je suis un peu perturbé : je croyais que ton blog signalerait quand les petits français pourraient commander le livre... Et je n'ai rien vu passer. J'ai dû louper le coche et m'en voilà bien énervé... Bon ben, je cherche...<br /> Je t'embrasse,<br /> Bonne journée, ma Reine
R
et ben moi je trouve que le "non anonymat"... <br /> c'est pas mal non plus !<br /> <br /> parc'que cela force l'application, dans ce qu'on écrit.<br /> ainsi, des pensées cruelles s'adoucissent sous la plume.<br /> des intentions malveillantes se calment sous l'empreinte des mots.<br /> des idées se transforment au rythme de la chanson du vocable...<br /> oui, pour moi qui sait que nombre de quidam de ma famille ou mon entourage vienne s'épancher sur 61rsylvie.. et bien <br /> je redouble de délicatesse ou de prévoyance quand j'écris,,,, <br /> mais jamais je ne trahis l'authenticité de l'histoire<br /> <br /> quant à l'histoire des prénoms,,,, j'en ai une avec sylvie qui me surpris au plus grand point quand une camarade de classe me dit un jour :<br /> -"j'ai failli m'appeler sylvie, mais ma maman a eu peur quand elle s'est rendu compte que cela faisait :<br /> si elle vit" !<br /> depuis je goûte la vie avec encore plus de bonheur
C
Ben voilà...absente beaucoup tous ces temps-ci, me pardonnerez-vous de ne pas commenter en détail chacun de vos commentaires, par ailleurs si intéressants et personnels?<br /> Je vous remercie de votre fidélité à tous..<br /> <br /> A bientôt...
D
Ecrit-on plus "vrai" sous son nom ou sous un pseudonyme ? En ce qui me concerne, je crois que cela n'a guère d'importance. Par contre, écrire ou parler SUR mon nom me fut longtemps très difficile ; parce que porter le nom d'un père qui vous a abandonnée et dont on vous raconte qu'il est un salaud pose problème. De plus, il n'était pas français, ce qui, dans le contexte de l'époque, était considéré comme une tare supplémentaire ; alors, pendant des années,j'ai eu honte... Très tôt, je me suis inventé un pseudonyme, dont je signais mes poèmes - mais curieusement, pas ceux que j'ai publiés. Plus tard, j'ai été adoptée et le nom de mes parents adoptifs a été accolé à celui de mon père, avec un trait d'union. C'est seulement à ce moment-là que je l'ai compris : le nom que l'on porte raconte notre histoire... Quant au prénom que j'utilise sur le blog, il résulte de la contraction de mes deux prénoms. Le second - Alia - devait être le premier, mais il avait une connotation par trop judéo-arabe et on a conseillé à mes parents de m'en donner un autre, plus neutre !
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