Mais je t'écoute, tu sais!
J'ai décidé de publier quand même cette entrée sur l'écoute... Après tout, comme le dit Valclair dans un commentaire sur "piégée" il n'y a là rien que de très ordinaire...
Petite scène de la vie ordinaire.
Elle a besoin de parler à Lui. Pas tant de lui parler que d'être écoutée, qu'il lui accorde son attention entière et... j'ose le dire exclusive. Pas longtemps. Juste le temps qu'il faut pour recevoir le cadeau précieux de son écoute inconditionnelle. Elle sait bien qu'il a mille choses à faire, elle aussi d'ailleurs. Elle n'est pas exigeante. Elle ne veut pas le posséder...
Elle tente de capter son attention, sent bien qu'elle n'y parvient pas... Il est ailleurs, dans ses pensées, dans ses papiers, dans ses projets, dans son agenda... d'ailleurs il est incapable de rester tranquille sur une chaise à l'écouter sans rien faire, il doit bouger, se lever, se moucher, se laver les mains, éternuer, se servir un apéritif... sinon il s'endort, ben oui!
Elle parle, puis s'interrompt un peu découragée... il entend ce silence soudain et lui dit:
"Mais je t'écoute, tu sais...!"
Mais elle sait bien comment elle aimerait être écoutée. Pas comme ça, pas dans l'activisme des mille et une choses qu'il fait en même temps.
Alors elle pense que la prochaine fois, elle lui téléphonera: alors peut-être qu'il l'écoutera vraiment! Mais elle ne verra pas son regard alors, ses yeux fixés sur elle qui lui diront son écoute attentive.
Et puis, elle sait bien qu'il suffit de coincer le combiné à l'oreille pour continuer à ranger, trier les papiers qui ne peuvent attendre, les notes qu'il faut prendre sans retard, les lettres qu'il faut consulter et dont on imagine déjà la réponse.
Alors elle pense que la prochaine fois, elle lui donnera RV sur MSN.
Mais non! Ce n'est vraiment pas une bonne idée... sur MSN on zappe d'un lien à un autre, on répond chaque fois avec deux minutes de retard, on mène deux conversations en même temps, on en profite pour faire son courrier...
Alors elle décide de lui écrire... il sera bien obligé de prendre le temps de la lire, d'essayer de comprendre, mais prendra-t-il le temps de lui répondre?
Alors elle décide de garder tout pour elle, dans le plus profond de sa solitude existentielle (vieux refrain!) et de s'écouter elle-même.
Je m'interroge:
Quand quelqu'un (mari, enfant, ami(e) ) me dit qu'il ou elle veut me parler, j'interromps tout ce que je fais pour me mettre exclusivement à son écoute, même si cela me coûte. Si ce n'est pas possible, je le dis et on cherche ensemble un moment pour la conversation, de préférence pas trop lointain... J'ai à cœur d'offrir la même écoute que celle que j'espère pour moi. C'est comme ça que moi, je fonctionne...
Mais peut-être que je me trompe, peut-être qu'il est parfaitement possible d'écouter vraiment quelqu'un, tout en faisant autre chose...
Peut-être est-ce très masculin cette capacité de se dédoubler (Pierre, pas te fâcher, je sais, je sais que tu n'apprécies pas ce clivage masculin-féminin!)
Vous me le direz...