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Coumarine, Petites paroles inutiles
20 janvier 2008

Serre-moi dans tes bras...

Hier, j'ai eu une conversation avec mon fils, une de ces conversations qui osent aborder les choses essentielles. Mais pas si faciles que ça à se dire, parce qu'elles évoquent des blessures d'enfance.

Lui et moi, nous partageons cette volonté de dialogue, ce désir du parler vrai...
Lui et moi, nous savons que les mots exprimés dans le respect et l'écoute de l'autre font un bien intense, comme des mains chaudes et enveloppantes sur un corps qui souffre, comme de l'eau fraîche qui coule, apaisante quand on a soif.

Il m’arrive d’évoquer ici MES blessures d'enfance...

Hier mon fils et moi, nous avons parlé de SES blessures d'enfance.

Fort bien.

Sauf que ses blessures d'enfance ont, entre autres, été provoquées par sa mère. C'est-à-dire par moi! Gloups!

Moi, sa mère, qui a fait pourtant ce qu'elle a pu pour aimer ses enfants, je dois bien reconnaître que j'ai provoqué des blessures qui restent gravées dans le cœur de mon fils. Encore aujourd’hui.

Heureusement qu’il réfléchit, qu’il chemine, qu’il cherche, qu’il se fait accompagner, qu’il accepte de regarder les choses en face.

Heureusement qu’il ose en parler avec sa mère. Avec moi. Sans peur et sans reproches. Dans le désir de comprendre, de se faire comprendre, de s’expliquer, de nous expliquer tous les deux, de nous aimer mieux.

Il y a ainsi un souvenir très précis qui a fait en lui des ravages et dont il m'a parlé. Un petit quelque chose de rien du tout pour les adultes que nous sommes, mais qui a marqué profondément l’enfant qu’il était.

Et l’enfant qu’il était souffre encore aujourd’hui des séquelles que ce petit événement de rien du tout a provoqué dans son âme d’enfant.

Une mère occupée dans la cuisine. Rien que de très banal.

Des enfants qui se disputent. Rien que de très banal

Une mère énervée qui dit aux enfants que… c’est bientôt fini ? Arrêtez s’il vous plait, je ne veux plus rien entendre !

Des enfants qui continuent de se disputer… Et soudain un hurlement !

La mère arrive et eng…le garçon : d’habitude c’est TOUJOURS lui qui embête sa sœur… pfffff quel enfant difficile… comme tous les garçons ! Heureusement que sur les 5 enfants, je n'ai qu’un garçon, se dit-elle une fois de plus dans sa tête. La mère ne sait pas que le fils « entend » ce genre de choses jamais exprimées noir sur blanc…

Bref la mère, excédée eng… le fils, lui dit d’arrêter, qu’il est insupportable…

Ça ce n’est pas grave, ce n’est pas cela qui a marqué l’enfant !

Quoi alors ?

La mère n’a pas voulu que l’enfant explique, s’explique, dise les choses, et surtout qu’il dise qu’il n’a pas frappé sa sœur, que…rien, qu'il n’y était pour rien…

La mère n’a rien voulu entendre. Enervée, je vous dis qu’elle était !

Et depuis le fils essaie encore et toujours dans toutes ses relations de prouver qu’il a raison, au point d’indisposer ses interlocuteurs…

Pas facile à entendre… j’ai vu la blessure qui saignait encore, cette impuissance absolue de se faire entendre… ce besoin éperdu qu’on écoute son point de vue…

Il a parlé, je l’ai écouté, je crois avoir écouté vraiment cette douleur…je crois l’avoir comprise. Parce que ce qui est le plus triste, c'est que moi-même j'ai vécu enfant, cette impossibilité de me faire entendre, lors d'une accusation injuste qu'on m'avait portée. Quelle ironie!

Maintenant il se demande ce qu’il va en faire, si cela suffira à guérir son besoin de prouver à sens et à contresens qu’il a raison quand il a raison..

Je ne sais pas… on a chacun son chemin de croissance, parsemé de cailloux pointus et qui font mal

Il a le sien, comme moi j’ai le mien. Je lui fais confiance. C'est un chouette gars mon fils!

Il m’a dit : "serre-moi dans tes bras, j’ai besoin…" Et nous sommes restés enlacés un long moment... savourant la paix.

Il est mon fils, je suis sa mère, ni l’un ni l’autre ne sommes parfaits, mais… nous nous aimons… voilà, c’est ça, nous nous aimons…

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Commentaires
C
Je t'embrasse D&D<br /> j'ai peu de temps pour t'écrire en ce moment;-((
D
Quand je dis que je ne connais pas l'hiver ici : ah oui, tu peux me croire...<br /> Quel cadeau encore que ce moment que tu nous proposes...<br /> Il y a tant, il y a... l'essentiel.<br /> Je t'embrasse,<br /> Bonne journée, ma Reine.
C
le Chat, <br /> Reevolution<br /> Contente de votre passage<br /> Je vous embrasse
R
Je te comprends, je vibre avec toi. Avec la petite fille dont la blessure n'est pas refermée, avec la maman qui fait ce qu'elle peut sur le moment, avec la maman qui, bien des années plus tard, écoute, comprend et enlace.
L
Quel beau moment que tu nous livre là... je me dis que tant la parole existe, que la communication entre un parent et ses enfants est possible (avec l'écoute dont tu as su faire preuve), le pardon est immense, même si la blessure fut grande...<br /> Je crois que c'est ainsi que j'aimerais être avec mes enfants.... comme toi...
Coumarine, Petites paroles inutiles
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