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Coumarine, Petites paroles inutiles
15 janvier 2008

Tirée à trente épingles...

Une après-midi  comme les autres...

Je monte dans le métro au centre ville. Comme je me rends en périphérie, j'en ai pour un bon moment de trajet. J'avise une place assise libre. A côté et en face de moi, trois jeunes filles voilées sont chacune plongées dans leur portable, à tapoter frénétiquement des sms...

Je me plonge quant à moi dans mon bouquin, enfin j’essaie…

Celle qui se trouve à mes côtés a un très joli foulard dans les tons gris irisé. Je trouve que ce foulard lui va bien. Elle est fraiche et jolie. Mais sur le front le tissu fait un pli. Un vrai drame ! Elle se tortille sur son  siège, se regarde dix fois, vingt fois dans la vitre du métro. Elle se trouve affreuse et le clame bien haut, demande à son amie assise en face d'elle de corriger le pli. Peine perdue, le pli est ancré, c'est au départ que le drapage n’a pas été bien fait. Elle redit qu’elle est affreuse, ne se calme pas malgré les paroles apaisantes de ses amies, elle marmonne et ronchonne. J’abandonne mon livre : impossible de me concentrer.

La jeune fille déclare soudain qu'elle va refaire le drapage de son voile. Je vois comme une lueur de panique passer dans les yeux de ses amies. Aucune parole n'est dite. Mais le message est clair: attention! Le métro est bourré de monde.

Son besoin d'être impeccable est le plus fort. Elle retire une à une toutes les épingles de son voile et les place d’autorité dans la paume ouverte de son amie. J’assiste avec un intérêt amusé et inquiet à cet effeuillage inédit, à ce strip-tease inattendu. J’attends le moment où sa tête apparaîtra à l’air libre, dans l'expectative de cette  singulière nudité qui va s'offrir à moi. Les passagers debout autour de nous sont en attente eux aussi. Les épingles forment déjà un petit tas, il en vient de partout, de devant, de derrière, des côtés, du dessus, du dessous… Çà alors, il lui faut un régiment d’épingles pour maintenant le foulard en place, afin qu’un coup de vent malencontreux ne dé-voile ce qui doit absolument resté caché aux yeux des hommes.

Je guette avec de plus en plus de curiosité le moment fatidique où elle enlèvera le foulard de ses cheveux nus pour le remettre en place.

Le spectacle n’aura pas lieu. Au moment où il n’y a plus d’épingles, quand plus rien ne retient le foulard… elle le soulève prestement dans un geste de prestidigitateur et le remet aussitôt impeccablement tiré sur son front basané. Un regard satisfait dans le miroir improvisé la rassure et elle reprend une à une les épingles qui patientent dans la paume de son amie. Trente attaches au moins à remettre au dessus, en dessous, sur les côtés, derrière, devant . Cela prend un certain temps…

Puis voilà, c’est fait, gros soupir, dernier coup d’œil, elle est contente...

(la suite à demain)

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Commentaires
K
bonjour comarine, c'est drôle mais je connaissais deja la fin de ta petite histoire puisque je porte le voile, je vous rassure on peut faire tenir un foulard sans épingle. Faut dire qu'on suscite beaucoup de questionnement !
D
Héhé, c'est le "coup fantôme" de Bruce Lee que tu nous décris là : trop rapide pour que la caméra puisse l'enregistrer !<br /> Je ressens bien le moment de "fascination" collective dans le wagon... Et cela doit être assez beau, d'ailleurs, ce rituel de "l'épinglage"...<br /> Bonne fin de dimanche, Ma Reine
M
Franchement, tu m'épates!! Tu sais pourquoi ?<br /> Ecrire d'une facon si aisée, si imagée , si captivante...sur un sujet tout simple de la vie quotidienne et le rendre si vivant, touchant et presque tangible....c'est tout simplement unique, magnifique ! BRAVO<br /> <br /> Encore un Grand Merci pour ce beau Partage hier !<br /> Tu ne peux imaginer comme mon coeur en a eu chaud...il en avait vtaiment besoin!<br /> MERCI aussi à Emmanuelle !<br /> Bisous.<br /> Monique
L
a de bien dures sanctions,<br /> si elle avait été prise!!!
G
Un "régiment d'épingles " pour combattre un régiment de pulsions malveillantes ?
Coumarine, Petites paroles inutiles
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