1. La soupe en sachet
Seul, il mange sa soupe…
Ce n’est d’ailleurs pas une vraie soupe, avec des légumes frais et savoureux, comme autrefois elle savait si bien la préparer.
Non, sa soupe est en sachet…
Facile, rapide, il suffit d’ajouter de l’eau chaude, de tourner un moment d’une cuiller distraite et de manger, le cœur ailleurs, l’âme perdue dans les souvenirs doux et amers, les pensées noyées dans les vieux chagrins…
Les chagrins, même s’ils sont vieux, restent des chagrins, se dit-il en portant la cuiller à la bouche. Son regard s’attarde sur la photo délavée qui semble attendre là, sur la cheminée en face de la table. Sur laquelle depuis quelques mois, il ne dresse plus qu'un couvert...
Une dernière cuillerée et l’assiette est vide, vide comme son avenir privé d’elle…C’est drôle, il s’était toujours imaginé partir le premier…
Tiens, voilà une bonne question : qu’est-ce qui est le plus difficile, quitter, ou rester? Quitter le premier, ou rester le dernier… ?
Il ne connaît pas la réponse: il se sent si démuni. De toutes façons, il n’a pas le choix. Il est seul désormais dans sa cuisine silencieuse. Et tous les jours que Dieu fait, il mange sa soupe en sachet, et ce n’est même pas bon…