Mourir à 42 ans
Aujourd'hui est l'anniversaire de la mort de ma grand-mère maternelle
Elle est morte à 42 ans. Après une longue maladie, comme on dit...ma mère n'avait que 16 ans.
J'ai devant moi la photo encadrée de cette femme, prise par un photographe professionnel. Elle est racée, élégante, belle comme l'était ma mère. Elle a une classe inouïe.
C'est moi qui ai cette photo, parce que je l'ai "piquée" un jour je ne sais plus où. Je voulais être sûre de l'avoir, qu'elle n'aboutisse pas chez un des mes frères ou...à la poubelle...
J'ai toujours été attirée par cette femme que pourtant, je n'ai pas connue, et qui sur la photo, regarde l'objectif avec une assurance tranquille.
Je me suis toujours sentie en résonance avec elle, comme si par delà la mort un lien invisible nous liait depuis toujours, comme si par delà la mort, elle avait un message à me transmettre.
Je me suis toujours sentie en telle résonance avec elle que, quand j'étais adolescente, je pensais que j'étais conditionnée (condamnée?) à ne pas vivre au delà de 24 ans. Et tout étonnée d'avoir dépassé l'âge fatidique, plus tard je me suis dit que je n'allais pas dépasser 42 ans...
Je ne sais pas pourquoi je me suis forgé cette idée bizarre de ne pas pouvoir outrepasser ce chiffre, que ce soit à l'envers (24) ou à l'endroit (42). Mais cette idée était bel et bien ancrée en moi, et j'ai longtemps envisagé de mourir à 24, puis à 42 ans, c'était comme une idée magique qui d'ailleurs, quand j'approchais des 24 ans, ne me faisait pas particulièrement peur. C'était là mon destin.
Maintenant encore, quand je regarde cette photo, il y a quelque chose dans cette femme qui à la fois m'attire et me fait peur, et je ne sais pas quoi ni pourquoi. L'attirance et la peur sont-elles deux facettes de la fascination qu'exerce une personne sur une autre? Et qu'est-ce qui est le plus fort: l'attirance? ou quelque chose qui ressemble à de l'appréhension... ?
Je ne sais pas pourquoi je me suis toujours sentie comme "liée" à cette femme, qu'il m'est difficile d'appeler grand-mère, puisque je vis toujours, alors que je l'ai maintenant dépassée en âge...