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Coumarine, Petites paroles inutiles
16 mars 2007

Le jour J

Il est midi quinze. Je suis en route pour déjeuner avec une amie. J'arrive sur le ring (le périphérique) de Bruxelles.

Autant dire que je me suis jetée dans la gueule du loup. Les voitures sont agglutinées les unes contre les autres, en rangs serrés, complètement à l'arrêt, résignées. Le chaos total, l'imbroglio, l'enchevêtrement, la confusion, et m.....je dis en fulminant dans la voiture.

Rien ni personne ne bouge, on se croirait dans un film muet. Juste moi qui parle dans mon portable pour avertir ma copine de mon retard.

Soudain je vois ce que je n'avais pas encore remarqué, plongée que j'étais dans mes réflexions et mes préoccupations: là à quelques mètres de moi, une colonne de fumée noire, opaque, qui s'élève en jets de nausées et obscurcit le ciel au dessus de nous, un truc d'apocalypse, je vous jure...et avec ça une odeur de...je sais pas dire, une odeur de métal chauffé au rouge.

Je suis impressionnée, je me dis que, oui, il s'est passé quelque chose de grave, quoi je ne sais pas, mais je le saurai, je suis en plein dans la ligne de mire.

Soudain des hurlements de sirène déchirent le ciel. Ça vient de derrière, le bruit est strident, cogne dans mon coeur: quatre voitures de pompiers, deux voitures de police arrivent comme des obus, forcent le passage complètement obstrué. A gauche de moi, un camion à l'arrêt, je ne vois pas la tête du conducteur. A droite de moi, un camion tout aussi à l'arrêt, je ne vois pas la tête du conducteur. Devant moi une camionnette, derrière moi encore un camion. Au dessus de moi la colonne de fumée noire, et tout autour de moi les sirènes. Je suis dans une cage, je suis oppressée, je respire mal, je dois faire appel à toutes mes ressources pour rester calme...

Une demi heure plus tard, alors qu'on passe au compte gouttes sur une seule bande de circulation, j'ai le temps d'apercevoir le désastre: une camionnette et une voiture se sont embrassées à mort, se sont enflammées, et carbonisent encore sous nos yeux horrifiés. Deux petits tas de taule tordus, agonisants.

Par terre, en dessous de trois couvertures, on devine trois corps. Je crois que ce matin, aucun de ces trois ne savaient qu'ils se levaient aujourd'hui pour la dernière fois

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Commentaires
A
La vie est si fragile, si incertaine.<br /> <br /> Profiter de chaque instant,<br /> Dire à nos proches qu'on les aime,<br /> <br /> Rire, sourire,<br /> Parler, chanter,<br /> Partager, respirer<br /> Sentir, écouter<br /> Faire l'amour<br /> <br /> Profiter de chaque instant<br /> <br /> Car demain... qui sait demain ?
L
Du sang, partout autour de moi je vois du sang. Même en fermant les yeux, le sang coule à l'intérieur de mes paupières. Est-ce bien du sang ou est-ce que mes larmes voient rouges? …<br /> Impossible d'oublier ce moment, impossible d'y penser…<br /> On voudrait tellement se souvenir de ses sourires, de ses faussettes qui faisaient tout son charme. On voudrait tellement se souvenir, mais la seule chose dont on se souviendra c'est le sang qui a coulé ce jour-là.
L
Du sang, partout autour de moi je vois du sang. Même en fermant les yeux, le sang coule à l'intérieur de mes paupières. Est-ce bien du sang ou est-ce que mes larmes voient rouges? …<br /> Impossible d'oublier ce moment, impossible d'y penser…<br /> On voudrait tellement se souvenir de ses sourires, de ses faussettes qui faisaient tout son charme. On voudrait tellement se souvenir, mais la seule chose dont on se souviendra c'est le sang qui a coulé ce jour-là.
B
Ce récit me laisse sans voix tant ma gorge reste nouée...<br /> <br /> Il ne me rappelle que trop cette histoire d'un soir de Noël. Celle qu'on tente d'effacer, d'oublier mais qui ressurgit à sa guise (comme ce soir).<br /> Toute une famille s'est envolée, (leur chien aussi) qques minutes avant que tout le monde entre en fête.<br /> Quelques minutes et c'était fini. Plus qu'une carcasse, plus que des crasses. En moins d'un souffle elle n'était plus que souvenirs.<br /> Après, on reste là, on lit et relit les articles de journaux en espérant à chaque fois que le dénouement soit autre, meilleur...Mais non. On s'en veut, on se débat mais ça ne change rien. On veut les voir, une toute petite dernière fois, leur murmurer un petit quelque chose. <br /> Trop injuste, mais oui, tout le monde le dit, mais pour qui ça pourrait l'être?<br /> Nos larmes ne servent à rien... Impuissantes.
S
Un texte qui donne le frisson Coum... j'aime beaucoup ta description où tu mêles le ressenti avec des précisions objectives. <br /> <br /> Comme l'on dit des commentaires précédents, c'est le récit d'une atrocité ordinaire, un de ces moments où tout bascule à quelques secondes près. Et pourquoi eux ? Et pourquoi pas moi ? Qui sait si ce mati je ne me suis pas levé pour connaître le même sort ? Pire encore, est-ce que quelqu'un que j'aime ne connaîtra pas le même sort aujourd'hui ? Brrr...
Coumarine, Petites paroles inutiles
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