Belle nature indifférente
Le jour où on a enterré mon père, la journée était magnifique.
Dix ans plus tard, on a enterré ma mère, et la journée était magnifique.
Après la messe d'enterrement, les gens se sont attardés à bavarder (gaiement) sur le parvis de l'église, reprenant leur sérieux dans les allées du cimetière. Quelques pas graves, quelques regards pudiquement baissés, ou lancés de biais sur les tombes fleuries, deux ou trois paroles sur le ton de la confidence compassée. Un petit cortège noir et silencieux dans les allées de nos futures destinations.
Puis un petit repas léger a rassemblé tout ce monde. Et personne n'est resté à l'intérieur, on est tous sortis en habits sombres dans le jardin ensoleillé si bien entretenu...disposant à la hâte les chaises et les tables, pour s'installer tranquillement dehors. Quelqu'un a dit qu'il fallait profiter de ce beau soleil!
Pourquoi je raconte ça là maintenant?
Parce que je suis plongée dans des récits autobiographiques.
Parce que je suis frappée que la nature est parfois en total décalage avec nos ressentis.
La nature n'est pas douée pour la compassion. Normal, faut pas lui demander l'impossible. Même quand elle est en colère, quand elle délire de rage et de fureur non contenue, elle n'exprime rien sinon un phénomène naturel.
Aujourd'hui, il fait ici une journée magnifique...