Le souffle se cache dans l'arbre
La route s'étire devant moi (admirez le beau lieu commun!), je roule paisiblement (je suis bien obligée, je me coule dans le flot des voitures).
La route s'étire devant moi (rebelote pour le lieu commun) grise et monotone marquée d'une ligne blanche en son milieu, que je suis des yeux machinalement. Devant moi, autour de moi, à hauteur de mes yeux résignés, un univers de béton et de voitures...
L'univers bruyant mais sans vie de la ville et de sa périphérie...
Je suis calfeutrée dans l'habitacle de ma petite voiture, j'attends que cela se passe, je n'aime pas me battre dans les embouteillages, je n'aime pas être harcelée par ceux qui me suivent et qui me lèchent le cul impatiemment (pardon pardon), je n'aime pas suivre le flot obligatoire, dans le stress, sans respirer, sans souffler.
J'attends que cela se passe, mes yeux suivent la route monotone (je le redis encore une fois, elle est vraiment grise et monotone cette route)
Soudain, je ne sais pourquoi, je lève les yeux...et je le vois, et puis là un autre encore...
Au milieu de cette voie plus rapide qui traverse la ville, il y a une rangée d'arbres. Oh! je sais, ils sont plutôt minables en ce moment, tout nus comme ça, sans la moindre parure dans lequel le vent peut souffler ses taquineries, plantés comme des automates rigides et décharnés à surveiller leur route.
Et pourtant, de lever mes yeux vers la ramure, de voir ces géants continuer à croire dans le ciel qu'ils laissent entrevoir entre leurs branches raides et brunes, moi ça m'a donné un souffle grandiose...
Je vous le dis, quand vous êtes en ville, en voiture, laissez vos yeux un moment s'égarer là-haut, vers les arbres qui n'attendent que ça: vous redonner un petit souffle de leur vie...