Ca se passe près de chez moi...
Chaque année, à la même période, je vis des sentiments de culpabilité, et sans doute de déprime mais c'est plus difficile à reconnaître. Sentiments que je m'efforce de colmater au plus vite. Quelques jours embêtants à passer, puis fini! On peut passer à autre chose...
Ça commence invariablement le samedi matin (hier donc). Comme chaque semaine, un grand marché sur la belle place de Paloindechémoi, offre ses montagnes de fruits, de légumes variés et plus appétissants les uns que les autres, de fromages, de poulets cuits et pas cuits, de charcuterie grasses et exemptes de cholestérol, quelques échopes de vêtements aussi, écharpes et pulls d'hiver, petits bonnets élégants (pour autant qu'un bonnet puisse être élégant, il a intérêt, vu qu'il aplatit méchamment les cheveux!)...et ENFIN...des monceaux de pots de chrysanthème, dans leur explosion de fleurs jaunes, blanches ou de couleur rouille...
Les gens achètent un (ou deux) de ces pots volumineux, et circulent donc tous avec leur précieux "bébé" dans les bras, plutôt encombrant d'ailleurs (j'en ai vu qui l'avaient laissé tomber...le pot en mille morceaux sur le trottoir, et les fleurs lamentables et désormais inutiles...mais c'était beau ces fleurs perdues par terre...)
Aujourd'hui donc et pendant quelques jours, circulation dense et colorée autour du cimetière de Pasloindechémoi, on ne voit que ça: les paquets jaunes, blancs et rouilles qui se dirigent tous vers l'entrée, à petits pas pressés ou lents, même que cela se bouscule sur les parkings, il y en a même qui se disputent une maigre place... il y en a (horreur! ) qui "profitent" honteusement des places réservées aux handicapés)
Donc tout ce petit monde entre dans le cimetière avec son pot de chrysanthème bien serré contre soi et en ressort avec les bras délestés de leur poids et le sentiment du devoir accompli...
Moi je ne vais pas dans les cimetières, sinon en dehors de ces moments programmés, et si j'y vais,c'est pour respirer simplement la beauté et la tranquillité de ces lieux habités d'un calme mystère et pour y réfléchir à la Vie, à ma Vie, celle qu'il me reste à vivre...
Ceux qui sont là, je n'aime pas y penser en tant que morts, car ils vivent toujours dans ma mémoire, ils sont inscrits en moi de manière définitivement indélébile...