Ecrire le moi, aujourd'hui, comment?
Valclair en a parlé déjà, vous l’avez lu peut-être, sinon, c’est le moment.
A mon tour de raconter un peu de ce WE très riche que j’ai eu la chance de vivre à Toulouse.
Kalame, le réseau des animateurs d’ateliers d’écriture de la Communauté française de Belgique dont je fais partie, m’avait confié la tâche, de participer à ce WE et d’en ramener des pistes de réflexions pour les animateurs. Je suis en train (laborieusement) de rédiger les compte-rendus demandés, ouf!
Donc les 6,7,8 octobre dernier, avait lieu à Toulouse un séminaire organisé par l’APA (Association pour l’Autobiographie, j’ai déjà eu l’occasion de raconter en juin dernier un peu de ce que les Journées annuelles de l’APA m’avaient apporté…beaucoup !)
Le Séminaire avait pour thème : " Ecrire le Moi aujourd’hui, comment ? ". Tous les termes étant importants : écrire, le moi, aujourd’hui, comment…
Ce qui se trouve entre parenthèses sont mes réflexions personnelles sur le contenu dont je vous fait part…
Ecrire le Moi que ce soit dans les ateliers d’écriture autobiographiques, dans les romans autobio, dans les blogs, en écriture solitaire (le cahier dans un tiroir) a encore et toujours des connotations négatives. Il y a une sorte de mépris intellectuel dans le monde littéraire (les éditeurs n'étant pas prêts à investir dans l'écriture du moi, sauf si le manuscrit raconte les mémoires d'une star par exemple, où si vous avez des détails croustillants à dévoiler sur une personnalité connue...donc aucune chance pour ceux qui espèrent publier le récit de leur vie) pour tout ce qui touche à cette écriture centrée sur le Moi. Il semble que cette écriture soit exclue du champ de la "Littérature" et considérée comme une littérature de seconde zone. (Moi au contraire, j’ai découvert des blogueurs qui ont une écriture fabuleuse, qui dépasse de loin en qualité certains écrivains pistonnés par la célébrité qui les précède…)
De plus on lui reproche son aspect narcissique, impudique, sur lequel bien entendu on pose un jugement moral ( se regarder le nombril, vieille réminiscence de la morale chrétienne : il ne faut surtout pas se mettre en avant, ni se vanter, ni complimenter, les chevilles ne le supporteraient pas !).
On lui reproche enfin l’objectif thérapeutique (effet de catharsis) que mettent souvent en avant les écrivants du moi (par exemple sur les blogs. Mais on pourrait se poser la question : est-ce que j’écris pour me libérer, ou pour me distancier ?)
Où s’arrête la pudeur ? Où commence l’impudeur ? (N’y- t-il pas des romans "impudiques" dans la manière de raconter par exemple des faits sanglants de l’Histoire ou de l’actualité ?)
Ecrire le moi suppose le désir d’écrire vrai. C’est une véritable ascèse dans le sens que cela demande lucidité, sincérité, connaissance de soi ( mais dans les blogs ou les journaux intimes, c’est en écrivant dans l’intime au quotidien, qu’on fait de plus en plus connaissance avec soi, qu’on peut progresser dans une démarche de lucidité, enfin, c’est ce que moi j’expérimente)
(à suivre pour ne pas vous donner d’indigestions…attention, j'en ai pour quelques jours)
Je voulais juste ajouter que une fois de plus j'ai eu grand plaisir à partager de passionnantes discussions avec Valclair autour de ces sujets qui nous intéressent tant puisque en tant que blogueurs, nous sommes des écrivants du moi
De plus, j'ai été reçue avec une gentillesse extrême par Miss Poulpie (et ses enfants). Elle m'a accueillie, a fait inlassablement le chauffeur entre son logement et le lieu du séminaire, elle m'a réveillée le matin alors que je dormais d'un profond sommeil encore à 8 heures du mat, hein oui, la Miss?. Elle nous a reçus à dîner Val et moi le dimanche soir avant que notre ami ne reprenne le train de nuit pour Paris et son travail du lendemain.
Soirée riche en échanges sincères et vrais comme toujours dès qu'on rencontre des blogueurs avec lesquels on a une affinité de sensibilité, on se situe d'emblée sur la même longueur d'onde. Etonnant!