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Coumarine, Petites paroles inutiles
29 septembre 2006

Monsieur, dis-je, je suis avant vous...!

Dans la grande surface de mon quartier. Il est trois heures...

J'attends tranquillement dans la queue qui serpente calmement jusqu'aux caisses. Je rêve un peu pour passer le temps, je regarde les gens. J'aime bien ça, observer et imaginer par la même occasion. C'est le moment où je me raconte des histoires. Étranges ou ordinaires. Des histoires qui ressembleraient à la mienne, ou peut-être pas. J'attends, c'est bientôt mon tour. Voilà! C'est mon tour.

Soudain...

Un goujat surgi d'on ne sait où, plutôt bel homme mais ça à cet instant précis je m'en fous, me dépasse  et s'impose à la caisse, comme ça, avec l'air hautain et suffisant des goujats.

Colère pointue comme la lame d'un couteau. Comme un océan furieux à l'assaut de mes entrailles. Comme une stridence qui explose dans mon ventre. Çà alors, non mais ça alors...!

La colère est une affaire de ventre, de viscères, d'entrailles. Rouge feu ou noir sang. Évidemment. Pas une affaire de petites fleurs jaunes piquées tendrement dans des promesses d'herbe tendre. Évidemment.

Moi la tranquille, la sage, aussi effacée (enfin presque!) que la lune un soir de nuages opaques, je ressens soudain la colère inonder mon ventre. Pour rien du tout. Pour peu de choses dirons-nous. Juste un goujat qui me dépasse sciemment dans une file trop longue. L'air de rien.

J'ai réagi poliment...il s'est moqué de moi, et est resté bien planté là à continuer de faire enregistrer ses achats. Je ne suis pas parvenue à le déraciner. La colère s'est teintée d'humiliation

Franchement, je n'ai su que faire de cette colère qui m'a laissée tremblante un long moment. J'aurais bien voulu l'emballer et la jeter dans la première poubelle venue. Je l'aurais bien frappé ce type...

Je ne comprends pas comment  j'ai pu me laisser toucher à ce point par un fait somme toute insignifiant, quelle corde sensible cela a réveillé en moi...

spill7

Peinture de Léon Spilliaert, peintre belge

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Commentaires
A
Si tu savais Coumarine comme je me reconnais bien là.<br /> <br /> J'ai une belle-soeur qui est en fauteuil roulant. Je l'ai vu récemment. Si tu savais tout ce qu'elle m'a raconté sur l'incivilité des gens vis-à-vis d'elle.<br /> Des personnes qui lui font comprendre que "elle a bien le temps elle" vu son état.<br /> Mais si ils savaient tout ces gens que les douleurs dans son corps ne font jamais repos, que chaque geste est un effort, qu'elle doit rester forte vis-à-vis de leur méchanceté pour ne pas s'écrouler, et que si elle leur répond vivement ce n'est pas qu'elle n'est pas généreuse.. mais qu'elle revendique son droit d'exister, et son droit au respect.
C
J'aime bcp ce que tu écris Candide...c important et pas si candide que ça...<br /> Merci
C
Chère Coumarine,<br /> <br /> Je rejoins tout-à-fait Le Chat qui Pète dans son premier commentaire. Je suis, moi aussi, très réactif, et il m'a fallu des années pour apprendre à me détacher de ce genre d'évènement afin ne pas me faire de mal. Il me fallait parfois une journée entière pour voir retomber l'émotion. Bien évidemment, ça n'en vaut pas la peine. Et surtout, ils n'en valent pas la peine. Car ce genre de réaction leur laisse croire qu'ils ont du pouvoir sur nous, ce qui en l'occurence est vrai, et il ne saurait être question qu'ils le sachent. Ce serait un bien trop beau cadeau. Et même si ça bouillonne encore à l'intérieur, je feins le plus profond détachement, et j'essaye de trouver le mot d'humour qui tue, du genre "Cher Monsieur, vous êtes un véritable gentleman, et j'apprécie votre galanterie à sa juste valeur..." J'arrive ainsi à me faire moins de mal, et je ne lui donne pas le pouvoir de me dominer...<br /> Enfin, quand j'y arrive . . .<br /> Parce qu'il faut trouver un pouïème de seconde de lucidité pour se dire "STOP" quand on sent déferler l'irrésistible bouffée de colère...<br /> Alors oui, seulement quand j'y arrive . . . <br /> Mais je me soigne !<br /> Ceci étant, je suis un p'tit bonhomme d' 1,64 mètre, et ça ne m'arrive pas souvent. On constate donc, de plus, qu'il y a de la lâcheté dans cette attitude envers les femmes. Et je ne suis pas bien fier d'être du même sexe que ces gens-là (mélancolie) . . . <br /> Laissons les cons pour ce qu'ils sont . . .<br /> <br /> Je te salue, Coum, et te souhaite une belle journée,<br /> <br /> Candide
C
Charlotte ;-)) (on a décidément des points de ressemblance hein!)<br /> <br /> <br /> lo, toujours contente de te voir chez moi...je suivrai ton lien..<br /> <br /> <br /> Fosrestine, ce que tu m'écris me fait TRES plaisir...parce que les références au sensoriel, pour moi sont primordiales quand on décrit les émotions...alors que qqun le fasse remarquer, me fait un énorme plaisir, je me sens "comprise" et rejointe<br /> Merci!
F
En tout cas, tu décris très bien ta colère, et je retrouve bien des réactions que j'ai parfois.<br /> "je n'ai su que faire que cette colère":c'est vrai,on ne sait pas comment l'évacuer... Mais je crois que tu as bien fait de ne pas invectiver cet idiot, parce que tu aurais également souffert de l'agressivité que tu aurais dirigée contre lui... <br /> Respirer un grand coup? Boire un verre d'eau fraîche très lentement? <br /> Ceci dit, je trouve qu'il n'y a rien d'anormal à se révolter contre un comportement aussi irrespectueux de l'autre.<br /> Et juste comme ça, plus généralement: j'aime beaucoup ces références au corps, quand tu décris tes émotions. Tout est inscrit, ancré dans ta chair. Il y a là une vérité essentielle qui s'exprime et qui m'aide à me "rassembler" quand je te lis.
Coumarine, Petites paroles inutiles
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