Un gros paquet de questions
La madame tout le monde que je suis, se pose jour après jour des questions "accidentelles", éphémères
Qu'est-ce que je vais mettre (ou faire à manger) aujourd'hui? Y-a-til encore du beurre dans le frigo? Par quoi je vais commencer, écrire ma nouvelle note sur Coumarine, ou faire un brin de repassage? Combien de temps la canicule va-t-elle encore durer? Que se passe-t-il au Liban aujourd'hui? Le facteur est-il déjà passé? Pourquoi canalblog déconne-t-il à tout bout de champs? Où ai-je fourré mon maillot de bain? Je réunis ma petite famille samedi ou dimanche soir? Est-ce que M a trouvé du boulot? Mes photos seront-elles réussies? J'en fais encore une? Pourquoi il ne téléphone pas? Quel temps fera-t-il la semaine prochaine?
Il y a 25321799214563255 questions accidentelles à se poser, certaines très importantes, d'autres qui le sont moins, d'autres encore vraiment pas du tout. Elles me prennent beaucoup d'énergie chaque jour et m'occupent à plein temps.
Et donc la madame tout le monde que je suis n'a plus vraiment le temps de se poser les questions existentielles, de celles -le mot le dit bien- qui sont le fondement de mon existence, la mienne, celle des hommes et des femmes en général, celle du monde. Prise par la gestion du quotidien, j'oublie de plonger dans ces questions qui font pourtant sens pour ma vie. Peut-être ai-je renoncé à trouver des réponses? C'est finalement plus facile de poser les questions que de chercher les réponses. Les réponses sont mouvantes comme la vie. C'est fatigant en définitive.
Pourquoi suis-je née femme (et pas homme)? Comment aurait-ce été si j'avais été un homme? Pourquoi suis-je née dans cette famille, dans ce coin de la planète, dans ce siècle là? Pourquoi ne suis-je pas noire, ou asiatique, ou indienne, qu'est-ce que cela aurait changé pour moi? Vivrai-je vieille? très vieille? très très vieille? Pourquoi ai-je ce corps-là et pas un autre? ce visage-là et pas un autre? Qu'est-ce qu'il y a après la mort? Pourquoi le désir d'absolu est-il à ce point gravé en moi? Est-ce que les autres sont aussi (ou plus) sensibles que moi? Qu'est-ce qu'il y a après la mort? Et Dieu, il existe ou pas? Les hommes sont-ils intrinsèquement bons? ou mauvais?
Il y a 13419335486816781879871861876198 questions existentielles qui me trottent dans la tête, et ce sont des questions sans réponses sinon les miennes...
Quand j'étais enfant et que je posais ces questions à mes parents, ils me regardaient avec un drôle d'air, l'air de se dire: cette enfant est complètement folle, ou alors très compliquée ce qui n'était guère mieux...