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Coumarine, Petites paroles inutiles
11 mai 2006

Ecriture automatique ou inspirée...

Le sens que je donne à l’écriture automatique est bien évidemment celui que lui ont donné les surréalistes et en particulier André Breton
Et non pas cette écriture que le courant ésotérique entend utiliser pour entrer en contact avec les morts (hum hum !)

 

A l’école, de mon temps (oups ça fait vieux ça tout à coup.. !) on devait faire des dissertations. Pour faire des dissertations, il fallait faire des plans avant d’écrire…c’était donc une écriture rationnelle, bien structurée, une écriture issue de nos cinq centimètres supérieurs, l’intelligence, la raison.
Je n’écrivais pas comme cela, mes dissertations donc ne valaient rien…Car j’ai découvert très vite une autre façon d’écrire, qui ne partait plus de la tête, mais de l’ensemble de mon corps, la poitrine parfois, le ventre, et même le bas ventre si vous  comprenez ce que je veux dire…
On pourrait qualifier cela d’écriture avec les tripes…donc je réfléchissais pas ou peu, je laissais venir les mots dès que je mettais le stylo sur la feuille. Et « cela » venait en abondance, mais sans beaucoup de sens, du moins à premier regard rationnel (c’est ce que me reprochaient les profs !)…J’ai appris à jouer avec les mots, j’ai appris surtout à ne pas contrôler ni censurer l’imaginaire qui se révélait riche, foisonnant. Alors que dans ma vie quotidienne, je devais vivre en « bonsaï », là soudain j’avais des ailes et je m’envolais, là où personne ne pouvait m’attraper…

 

Souvent cela donne un premier jet d’un texte qu’on n’aurait jamais imaginé écrire, on est souvent surpris soi-même de tout ce qui se cache d’inexploré en nous.
Puis vient le travail, le peaufinage, les corrections diverses et nombreuses, la mise en forme d’un texte qui sinon resterait à l’état brut, càd très certainement imparfait, avec un goût d’inachevé. 
Moi personnellement je retravaille soigneusement mes textes, j’en corrige les fautes (c'est élémentaire !!), je laisse dormir, puis je reprends deux ou trois jours plus tard avec un regard neuf, les imperfections  que je n’avais pas remarquées avant me sautent aux yeux , d’autres idées naissent des précédentes etc.
Le travail concerne donc bien des textes longs (nouvelles) qui racontent une histoire qui a du sens, une intrigue

 

Mais il m’arrive de me laisser aller au plaisir quasi sensuel de ce que j’appelle l’écriture purement automatique (càd spontanée)… je lâche complètement prise, j’entre comme dans un état second, et je laisse venir ce qui vient, sans aucune censure…souvent cela donne de petits textes étranges, d’allure poétique, sans beaucoup de sens, du moins à première vue.
Je vous avouerai cependant que  8 sur 10 de ces textes vont à la poubelle…ils ne valent rien, ils ne ressemblent à rien, je ne les aime pas, ils ne valent que comme exutoire…

 

Parfois cependant surgit un petit trésor…mais je vous avoue que je le retravaille…il est parti de cette zone au delà de moi, et soudain je le reconnais comme mien, il m’est « ajusté », il chante, il m’enchante…Alors je me l’approprie en le mettant en forme, je rectifie certains termes, j’ajoute d’autres choses, je tente d’audacieuses alliances de mots…, et je me laisse couler dans une espèce d’ivresse gourmande, dans une jouissance qui a beaucoup à voir avec la jouissance de l’amour…il y a l’excitation qui monte jusqu’à « l’orgasme » qui vient comme une délivrance, comme un contentement de tout l’être…j’adore…

 

Mais ce sont des textes courts et en prose poétique, dans lesquels la musicalité des mots est plus importante que leur sens (ou leur non-sens)…

 

"Ton texte ne vient pas d'une "écriture automatique" mais de la mise en oeuvre de ton talent indéniable, par confiance en celui-ci"...dit Alainx dans son commentaire
En fait il a raison : je fais confiance dans mon « talent » de jouer avec les mots, et j'y vais à l'audace.

 

+++++++++++++++++++++++++++

 

Je viens d’écrire très vite un autre texte, en guise d’illustration.
Surprise ! Manifestement il parle d’un viol ! Pourquoi ? Je n’en sais fichtre rien ! C’est venu comme ça, sans réfléchir…je l’ai mis en forme avec mon talent indéniable (hum hum)

 

 

Elle s’en va risquer l’éphémère. S’attache au tournant de l’été.
Regards lourds dans son sillage. Le prédateur s’accroche toujours aux buissons. Bruits de crécelle : la lèpre a envahi le chemin. Et la lèvre doit s’ouvrir sur son passage. Le prédateur exige un ventre, une fente, le soleil s’obscurcit, s’en va mourir de désespoir.
Ne pas broncher, ne pas se retourner. Faire comme si. Se taire. Toujours. A jamais.
On s’étonne, on s’interroge, on la questionne…
Elle s’obstine à parier sur le soleil. Franchit d’un seul bond les clôtures. Bondit d’étoile en étoile. Obstinément
Quelque part un piano s’allume. Les sons se hèlent et s’interpellent. On ne lui ravira pas cet accord insolite, cet accord puissant.
Une enfant se dépêche de grandir.
Juste un pantin désormais pour lui tenir tête. Mais elle n’est pas au service de ce dieu-là…

 

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Commentaires
A
Passage discret par chez toi.<br /> <br /> "Ne toucher la gousse qu'avec deux doigts pour ne pas infecter toute la main. La gousse d'aïl entre l'index et le pouce et la hâcher précisement avec un couteau bien aiguisé. Il ne regarde pas les croutes qui couvrent les phalanges. Il veut oublier les coups violents contre le béton du mur du garage où il s'est réfugié. A vie."<br /> <br /> La suite sur http://hirsute.hautetfort.com<br /> <br /> Merci
C
Bailili...je crois sincèrement que beaucoup de choses dans ce domaine aussi, s'apprennent<br /> C'est en forgeant qu'on devient forgeron, comme disait l'autre<br /> La bonne question à se poser: est-ce que j'aime écrire? suis-je motivéée pour y consacrer du temps? (on n'a rien sans effort...<br /> Peut-être que ta réponse serait non...je préfère faire de l'aquarelle ou de la marche ou autre chose...
B
retravaillés ou pas, tes textes sont toujours beaux et évocateurs. <br /> je suis incapable d'écrire des fictions et ça me manque parfois, j'aimerais me laisser aller, imaginer, enfin...<br /> merci pour tes écrits
C
Mégarde, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris ta question<br /> Ecrire un texte: BONHEUR<br /> Retravailler un texte, l'aménager, le peaufiner: BONHEUR tout autant<br /> C'est ça que tu me demandes???
C
Alainx, à côté du rap, il y a le slam, cette espèce de poésie improvisée...<br /> Je trouve le phénomène intéressant<br /> De blog en blog tu trouveras qu'on parle beaucoup de Grand Corps Malade<br /> J'aime ENORMEMENT les paroles de "Toucher l'instant" qui explique l'état de transe qui est le sien quand il compose ses textes<br /> Je vais te dire: on se ressemble<br /> Ses mots je peux les faire miens dans ce texte
Coumarine, Petites paroles inutiles
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