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Coumarine, Petites paroles inutiles
28 mars 2006

A comme Abandon

Je commence aujourd'hui un dictionnaire un peu particulier...que je découvirai au fur et à mesure qu'il s'écrira, je n'ai pas fait de plans sur la comète

A comme abandon
Si on me demandait quelle est ma peur la plus forte, je répondrais que c'est la peur d'être abandonnée....
Oui, j'ai beau être une adulte, mère à mon tour, je reconnais humblement qu'une de mes plus grandes peurs est tournée vers moi-même.
Bien sûr, j'ai peur qu'il arrive quelque chose à mes enfants, que l'un ou l'autre soit victime de la maladie ou de l'accident. Tout cela est réel. Mais la peur d'être abandonnée est ancrée  en moi comme une griffure douloureuse, comme un tatouage indélébile. C’est une peur "irraisonnable", donc qui ne se laisse pas vraiment appréhender par les bons arguments. Cette peur macère depuis tant de temps dans mon ventre que ma tête qui raisonne a (trop) peu de prise sur elle…
J’ai dit que je n’avais pas ou peu de souvenirs liés à mon enfance.
Si pourtant j’en ai un, c’est je crois mon plus ancien souvenir
Et il est lié à un sentiment d'abandon.

J'ai 3 ans, et j'ai des crises d'asthme, sévères paraît-il, de cela je ne me souviens plus.
Alors mes parents décident de m'envoyer à la campagne chez de vagues connaissances. Il me faut le grand air, j’en ai grand besoin : c'est ce qu'a décrété le médecin de famille.
Oui, à ce moment là on ne se posait pas la question de savoir pourquoi un enfant pouvait bien s’étouffer dans des crises aiguës. Cette enfant a de l’asthme, point ! Il lui faut le grand air, ça paraît évident…donc va pour le grand air ! (grand taire…taire encore un peu plus…)
Bien sûr, on ne me demande pas mon avis. Les petites filles de trois ans n'ont pas à donner leur avis. On décide au dessus de leur tête. De toutes façons, c’est pour mon bien.
On ne m’explique donc rien (Dolto n’est pas encore passée par là), et puis maman n’est pas du genre à se poser beaucoup de questions, elle est plutôt du genre à éviter les problèmes et je suis un vrai problème, donc on me dépose chez les amis, et on part…en catimini
Je vois encore comme si c’était hier la voiture qui s’éloigne…je vois encore les mains de mes frères qui s’agitent à l’arrière...je vois une petite fille de trois ans qui court derrière cette foutue voiture qui ne l’attend pas, qui ne se rend pas compte qu’on l’oublie…
Que croyez-vous qu'il se passe dans la petite tête d'une petite fille de trois ans quand on la laisse sans explication chez des gens qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam?
Elle se dit: j'ai été méchante, tellement méchante qu'on ne veut plus de moi. Alors on m'a conduite ici et je ne reverrai plus jamais ma famille.
Je vois encore la petite fille qui pleure sans larmes dans son lit trop grand, toute seule dans cette chambre inconnue, avec ....non, son doudou elle l'a oublié, ou plutôt, elle ne l'a pas pris avec elle ...elle ne savait pas qu'elle dormirait dans cette chambre inconnue, et sa maman s'est bien gardée de le lui dire. Que voulez-vous, elle ne voulait pas d'ennuis, de crises de larmes et ce genre de choses. Surtout pas de problèmes…surtout pas hein…sois sage hein ma fille, fais pas des manières, c’est pour ton bien hein ma fille…
La petite fille est restée six mois dans cette maison, elle a occulté ses souvenirs.
Tiens je pense à quelque chose. Je n’ai jamais su si maman avait eu du chagrin de « m’abandonner » aux mains de ces amis…je n’ai jamais pensé le lui demander…
Peut-être que oui après tout…qui sait…

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Commentaires
A
C'est poignant comme récit.<br /> Je ressens toute la détresse que tu as du vivre...
M
Je souffre de la même chose que vous toutes. Je crois que les adultes ont tendance à relativiser les abandons. Par exemple entre un enfant laissé à la campagne pour des vacances et l'émouvante histoire de Nanouchka, ils pensent qu'il y a un écard. Perso je pense qu'à partir du moment où un enfant a manqué d'amour et s'est senti abandonné, ça crée les mêmes séquelles à l'âge adulte. Comme vous, je me suis sentie abandonnée lorsque mes parents nous ont laissé pour partir à l'étranger pendant 2 mois alors que je n'avais que 4 ans. Sans parler de ma mère qui ne m'a jamais montré une preuve d'affection et qui me frappait pour rien. J'étais son défouloir. A ça s'est ajoutée une agression (tentative de viol et de meurtre) lorsque j'avais 18 ans. Maintenant comme vous j'ai des relations chaotiques avec les hommes et cette tendance à tout saborder lorsque j'aime. Maintenant que nous avons pris conscience de tout celà, il faut trouver des solutions. Pour que cette angoisse continuelle qui nous pourrit la vie fiche le camp et cesse de polluer nos amours. Perso j'ai commencé une thérapie à l'hypnose. J'ai arrêté car les séances étaient assez chères (60 euros). Je vais tâcher de m'y remettre. Donnons nous la force de guérir. Il y a tellement de belles choses à vivre j'en suis convaincue.
M
Très touchée par vos lignes, je me permets d'y ajouter mon vécu. J'ai l'impression que jamais je ne m'en sortirai de cette angoisse terrible de l'abandon. L'écrire et la partager me font du bien. Déjà, et je ne pense pas que ce soit le plus terrible, ma mère désirait un garçon, d'où déception. Un an après, elle a eu une seconde fille et pour des raisons que je ne peux expliquer, elle a reporté tout son amour sur ma jeune soeur. Même si c'est très lointain (j'ai 40 ans maintenant), j'arrive encore à ressentir ce manque d'amour maternel. Mon enfance aussi a été vécue dans les disputes parentales incessantes et violentes. J'ai grandi sans l'amour de ma mère et dans un climat vraiment très angoissant pour une petite fille. Vers 5 ans, j'ai eu une méningite. A cette époque, c'était évidement beaucoup plus grave qu'aujourd'hui et surtout il n'y avait aucun accompagnement psychologique, humain, ... En effet, on pensait encore que les enfants ne pouvaient "ressentir". J'ai donc été hospitalisée durant de longs mois dans une clinique où les premières semaines j'ai été "enfermée" en quarantaine et en chambre noire. Je n'avais plus de contact avec mon entourage, on ne jugeait pas cela utile. Cette angoisse d'abandon fut terrible, je ne comprenais rien et on ne me rassurait en rien. Je pensais que j'allais mourir là toute seule, abandonnée, j'imaginais aussi que mes parents ne voulaient plus de moi, qu'ils préfèraient que l'on me laisse aux mains de ces infirmières religieuses peu sympathiques. Il n'y a pas si longtemps que tout cela est réapparu "dans mon conscient". La thérapie que je suis depuis de longues années me l'a permis.<br /> Vers 8 ans, les conflits parentaux ont dégénérés. Ma mère était jalouse de l'amour que mon père me portait et qu'il m'apporte un peu de tendresse alors qu'elle était rejetée par lui. Il avait aussi des relations extra-conjugales et elle voulait lui faire payer. L'idée lui est venue alors de faire du mal à la petite fille que j'étais, elle savait que mon père en souffrirait, elle voulait le punir, lui faire "payer". Donc un jour, elle m'a prise par la main et nous sommes parties à travers champs, je ne me doutais de rien évidement. Puis nous sommes arrivées le long d'une clôture et au fond de ce bois, se trouvait un gouffre, ma mère voulait que l'on franchisse cette clôture. Et à ce moment j'ai tout compris, son but était maintenant clair : se débarasser de moi, la fille encombrante. Elle ne se serait jamais "suicidée" trop lâche pour cela! Je me souviens que je courais après elle, je la tirais par les bras, par les vêtements, je tentais de la ramener à la raison avec mes mots de petite fille, il fallait absolument que je l'empêche de franchir ces barbelés sinon mon sort en était jeté! Par miracle, un fermier des environs a aperçu le manège et est intervenu. Mon père fut appelé, nous a ramenées à la maison mais rien là-dessus ne fut jamais dit ni à l'extérieur ni entre nous. C'est terrible car parfois, je me dis que c'est moi qui ait peut-être imaginé toutes ces choses.<br /> Mon père était quelqu'un d'extrêmement autoritaire, tout allait bien si on était toujours d'accord avec lui. Vers 14-15 ans, j'en ai eu marre de ce carcan et j'ai voulu tout doucement m'affirmer. Je me suis rebellée, il ne pouvait le supporter, il me l'a fait payer très cher, puisque durant plus de trois ans, il m'a ignorée, il ne m'a plus parlé, ma mère jubilait de cette situation et en plus elle servait d'intermédiaire. Mon père accentuait ses marques d'attention et d'affection envers mes autres soeurs (2 autres sont nées entretemps) et cela pour bien montrer que je n'étais plus rien, j'étais tout au plus le chien de la famille. J'ai donc vécu abandonnée au sein de ma famille sans que personne n'y voit rien, sans que personne n'intervienne. Pour moi, j'avais voulu m'affirmer, être simplement moi et cela m'a valu l'abandon. Je suis une thérapie depuis plus de 10 ans, je vois des améliorations mais je pense que je ne pourrais jamais vivre normalement. Mes relations avec les hommes sont chaotiques. En effet, en général, je recherchais inconsciemment des relations fusionnelles avec des hommes "à problèmes". Je me rends compte de cela mais j'ai aussi l'impression que je n'arriverais jamais à vivre une relation normale. J'ai tellement peur d'être abandonnée, c'est comme un gouffre terrible de moi qu'il faut remplir d'amour, de tendresse d'attentions ..... j'en ai tellement manqué!
N
Je le connais tant ce sentiment, que dis-je, cette hantise de l'abandon! Déjà "rejetée" car n'étant pas le fils tant attendu par ma mère après une soeur aînée, puis ensuite, ne trouvant pas ma place entre une soeur "parfaite" et un petit frère adoré....Que d'ashme et de nuits à etouffer! <br /> Une cure à Luchon, chez des soeurs sévères en guise de vacances, et ma soeur, également en cure pour ses otites que mes parents viennent chercher car elle a la scarlatine, et qui, malgré mes supplications, me laissent seule à Luchon...<br /> L'abandon m'a minée, m'a conduite à saborder des histoires afin d'être sûre de n'être pas abandonnée!<br /> Je divorce pour la seconde fois...J'ai adoré mon second mari et nous avons vécu 12 années fabuleuses. Puis il a eu une maîtresse. La peur de l'abandon, qui s'était estompée, est revenue en trombe. Je n'ai supporté, moins par jalousie que par peur...Une chose qui vient des tripes, incontrôlable, pire que tout!<br /> <br /> Cela dit, la phrase de Sartre est également interessante. Je peins et en ai fait mon métier en choisissant l'artisanat et la peinture décorative.<br /> <br /> Seulement voilà, mon divorce a réactivé ma phobie. Depuis, dès que je rencontre un homme, s'il n'est pas tout de suite "conquis", s'il ne me rassure pas immédiatement, je saborde...tandis que ma raison sais fort bien qu'à nos âges, la quarantaine passée, l'on ne fonce plus tête baissée comme à 20 ans.<br /> <br /> Merci!
S
je souffre aussi d'un sentiment d'abandon mais qui ne m'empêche pas de vivre, loin de là, seulement parfois quand je suis vraiment amoureuse (comme en ce moment) je ne peux m'empêcher d'angoisser et c'est vraiment difficile.<br /> <br /> Parfois j'arrive à me raisonner et parfois j'ai comme des bouffées irrationnelles d'abandon, (il a coupé son téléphone, il ne veut pas te parler, ou alors il ne veut plus de toi mais n'ose pas te le dire etc, etc...)<br /> <br /> J'oscille entre la raison et l'irrationnelle et pourtant au fond de moi je sais pertinemment que c'est irrationnel.<br /> <br /> Ou est l'équilibe ???
Coumarine, Petites paroles inutiles
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