Une écriture "noire"
Ces derniers temps, j'ai repris mon stylo de calligraphie, à la plume assez grosse, dont les cartouches d'encre doivent obligatoirement être noires (pas bleues) . Il fut un temps où je ne pouvais écrire que au moyen de ce stylo, un stylo fétiche en quelque sorte...Il ne me quittait jamais, fidèlement blotti tout au fond de mon sac.
Puis au fil du temps il s'est mis à faire des siennes, à retenir l'encre qui ne s'écoulait plus bien, ou au contraire à couler de manière anarchique: je me retrouvais le plus souvent avec des doigts tâchés d'encre, et la cartouche vide en un rien de temps. Parfois au contraire, je tentais d'écrire, et les mots refusaient de glisser sur le papier, l'encre pâlissait, se retenait, hocquetait, puis s'évanouissait. Je m'obstinais, je grattais, je m'énervais...rien ne s'imprimait sur le papier
Et puis, je dois dire que de plus en plus quand je suis chez moi, j'ai pris l'habitude d'écrire directement au clavier, geste plus rapide, plus efficace, qui efface d'emblée les hésitations, les ratures et ne garde que le fini de l'écrit. C'est propre, c'est net, ça fait gagner du temps
Puis comme je l'ai dit, j'ai retrouvé mon bon vieux stylo oublié quelque part dans un coin comme un élève puni, je l'ai nettoyé soigneusement (la plume une nuit dans un verre d'eau au départ chaude) et miracle, il fonctionne à nouveau impeccablement
Je recommence à l'utiliser, je renoue avec ce geste : sur une feuille A4, au départ blanche, j'écris noir, et je laisse courir, et les ratures, mon dieu les ratures, je les collectionne...mais pour le moment, je réenclenche avec cette écriture plus sensuelle, plus primitive, plus instinctive...
Et finalement...j'aime beaucoup
NB...ce texte dont vous voyez le brouillon sur la photo se trouve dans Essais de Paroles . Il parle entre autres du mot que je déteste le plus: le mot BONZAI