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Coumarine, Petites paroles inutiles
26 février 2006

L'eau des rivières

Envie moi aussi d'apporter mon grain de sel au débat qui fleurit ici ou là sur le thème "Mensonges et Vérités". (Ca fait titre de film ça...)

Je mettrais à part le difficile sujet des secrets de famille, qui je crois en effet, oppressent ceux qui en sont l'objet (et le sujet). Comme si pesait sur eux une menace dont ils ignorent tout, d'où elle vient, ce qu'elle est, mais qu'ils encaissent inconsciemment dans leur corps, dans leur vie. Il suffit d'en lire ça et là des exemples dans les témoignages donnés par des blogueurs...

Mais il y a aussi ces fameux "mensonges" par omission. Ce que l'on garde pour soi sans le révéler aux autres, et plus particulièrement à l'autre. Peu importe finalement le pourquoi de ce silence: héroïsme ou lâcheté...au silencieux à prendre conscience du pourquoi de son silence

Ce qui importe, je le crois, ce sont les conséquences possibles et incontrôlables de l'aveu ou de la révélation, surtout si cet aveu vient des années plus tard, de manière brutale et je dirais inconséquente (lire à ce sujet les deux exemples donnés par Alainx dans son entrée d'hier).

Cela me fait l'effet d'une petite rivière dont l'eau claire serpente joyeusement (ou torrentueusement)à travers des paysages variés. Soudain une main imprudente vient remuer cette eau claire qui n'a rien demandé à personne, qui ne sait pas (et peut-être ne veut pas savoir) ce qu'elle charrie en ses profondeurs.

Et là, d'un seul coup, c'est la remontée de la fange, de la boue, de la crasse...

La main a mis main basse sur les indécences, les indignités, elle vient "jeter des opprobes, chercher des explications, des justifications, les trouver ou pas. Au final, tout le monde risque de se retrouver perdant..." Ph. Besson dans "Le garçon d'Italie"

Et puis sur celui qui sort du "mensonge", parfois des années après, on va sans aucun doute,  coller des étiquettes, des affirmations ou des hypothèses. On va mieux savoir que lui...On a tellement vite fait de jeter sur l'autre une étiquette qui le borne ou l'emprisonne au plus étroit de ce qu'il ou elle est. On fait tous ça très (trop) rapidement (souvent d'ailleurs pour rejeter la "faute" sur l'autre.)

On croira savoir, et on aura sans doute connaissance du ou des événements, du ou des comportements, mais que saura-t-on de la personne, de qui elle est vraiment? L'autre en général à ce moment là, est tellement blessé qu'il n'a nulle envie d'essayer de comprendre...c'est SA souffrnace qui lui importe, qui prend tout le champs de ses préoccupations

Je me le demande: Qui connaît qui?

Je ne pense pas que l'autre (compagnon, conjoint, prince charmant ou vilain mari) est la moitié, l'âme soeur, le double, la complétude comme on s'accorde à le dire et à continuer à le chanter...C'est un truc de conte de fée, ça. C'est quand le beau Prince et la petite Cendrillon se marient que tout commence...Et pas forcément le bonheur ou la facilité...

L'autre n'a pas à savoir tous les coins de notre jardin secret. Comme nous avons à respecter cette part de solitude de l'autre, qui lui appartient. On naît seul, on meurt seul, je crois que à part des moments de grâce, de communion extraordinaires, on doit apprendre à vivre seul

Car...Que sait-on de l'autre en réalité, même s'il nous dit tout, même s'il n'y a rien à cacher, même s'il n'y a aucun secret entre nous? (comme certains l'annoncent triomphalement comme si c'était la plus fantastique preuve d'amour?)

L'autre est venu à nous avec ses blessures d'enfance (prêtes à se réactiver ...une cicatrice, même guérie, reste une cicatrice). Il est venu avec ses vides, ses manques, ses boues, ses détresses, dont parfois lui-même ne mesure pas toute l'ampleur

Que sait-on vraiment de l'autre?

Et quand bien même on se dirait tout (!) il restera toujours cette part d'ombre qui ne sera jamais au soleil, parce que l'ombre n'est pas le soleil (et heureusement!)

Est-il besoin de tout savoir de l'autre pour l'aimer?

Ne peut-on s'aimer tout simplement en s'accompagnant sur le chemin de la vie, avec cet infini respect que l'on a pour une fleur des champs qui fleurit dans les champs certes mais aussi dans les ornières...

Il y a au fond des rivières fange et boue...mais aussi de merveilleux galets lissés par le temps

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Commentaires
A
"Car...Que sait-on de l'autre en réalité, même s'il nous dit tout, même s'il n'y a rien à cacher, même s'il n'y a aucun secret entre nous? (comme certains l'annoncent triomphalement comme si c'était la plus fantastique preuve d'amour?)<br /> <br /> L'autre est venu à nous avec ses blessures d'enfance (prêtes à se réactiver ...une cicatrice, même guérie, reste une cicatrice). Il est venu avec ses vides, ses manques, ses boues, ses détresses, dont parfois lui-même ne mesure pas toute l'ampleur<br /> <br /> Que sait-on vraiment de l'autre?<br /> <br /> Et quand bien même on se dirait tout (!) il restera toujours cette part d'ombre qui ne sera jamais au soleil, parce que l'ombre n'est pas le soleil (et heureusement!)<br /> <br /> Est-il besoin de tout savoir de l'autre pour l'aimer?<br /> <br /> Ne peut-on s'aimer tout simplement en s'accompagnant sur le chemin de la vie, avec cet infini respect que l'on a pour une fleur des champs qui fleurit dans les champs certes mais aussi dans les ornières...<br /> <br /> Il y a au fond des rivières fange et boue...mais aussi de merveilleux galets lissés par le temps"<br /> ______<br /> <br /> Que veux tu dire après ça ? Rien... c'est magnifique !
M
Je suis bien heureuse d'avoir étudié le francais à l'école (cette langue "demodé... Je en suis bien heureuse, quand je lis des mots si vrais et je retrouve la philosophie, si proche a la vie et a la mort. Merci..
B
pati a toujours raison et surtout dans le premier commentaire. La mort des parents, à un certain âge on en est tous passés par là. Les accompagner, tendresse et ensuite se débrouiller avec
M
S'"Il y a au fond des rivières… de merveilleux galets lissés par le temps." Il faut éviter de troubler l'eau par des mouvements intempestifs et ne pas réclamer au flux des mots ce qu'ils ne peuvent pas donner à plein temps : une vérité sur mesure, comme formatée par les crispations des egos.En posant publiquement la question de la mort des siens, on ne récolte que des compassions plus ou moins sincères chez les autres. Si l'identification est de mise, elle l'est avec bien des nuances. Ne pas se méprendre non plus et interroger son propre élan. On écrit pour des lecteurs, qu'attend-t-on d'eux ? Ecrire pour soi,c'est ailleurs et plus secret. Le blogs remplacent peut-être aujourd'hui la vie communautaire un peu tribale, au jour le jour dont on a tant décrié la dissolution, et il est normal qu'elle achoppe sur des notions de limites . Il y a une illusion certaine dans la notion de transparence de l'eau appliquée au flux verbal. Des gravats l'encombrent assurément...C'est probablement pour cette raison qu'au bout de l'estuaire on se surprend à ne plus avoir envie de répondre... Les eaux regagnent leur anonymat originel...
C
François ne sois pas désolé<br /> C'est pr amitié pour toi que la "conversation" a pris un tour si personnel<br /> Ce que chacun apporte, il l'apporte parce que cela LUI est nécessaire avant tout, j'en suis persuadée...<br /> <je crois que tu as en toi ce au'il faut pour affronter ce passage<br /> Il n'est que de voir ton merveilleux blog, si serein, si "dans la nature"
Coumarine, Petites paroles inutiles
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