Autolouange dans l'écriture
Je sors d'une journée de formation pour les animateurs des ateliers d'écriture, absolument passionnante
Le thème en était: "autour de l'autolouange"
Il ne s'agit pas bien sûr de regarder combien son nombril est intéressant et de capter à tous prix les regards des autres sur cet endroit si sratégique de son petit ou grand corps par des mots de vantardise ou de pathos
Il s'agit d'écrire, de se décrire dans le positif de soi-même, sans ignorer ni points négatifs, ni souffrances, mais en se plaçant à sa juste place, celle qui nous fait reconnaître des autres
"Les autres ont RAISON de m'aimer" nous a dit l'éminent animateur, africain comme il se doit
L'autolouange se pratique beaucoup dans la culture africaine, dans des discours accompagnées de chants et de danses, lors de cérémonies diverses
En disant qui on est, en faisant son "éloge" on ne peut le faire sans parler de l'autre, surtout de ceux qui nous ont précédés et nous ont permis d'être qui nous sommes, même s'ils n'ont pas été parfaits (QUI est parfait?)
Alors la personne qui parle de soi, est en quelque sorte le porte parole de bien d'autres: car nombreux sont ceux qui se reconnaissent dans ce qui est dit, tous ceux qui se reconnaissent et qui voudraient dire, mais ne le font pas parce qu'ils n'osent pas, ou ne s'en croient pas capable, ou ont peur du jugement de vantardise
Je crois que c'est finalement la démarche de beaucoup de blogs dont les auteurs s'expriment avec franchise sur qui ils sont: on reconnaît l'authenticité, et les lecteurs ne s'y trompent pas, qui dans le secret de leur bureau, derrière leur écran, reconnaissent la vérité de l'écrivant...qui rejoint une vérité universelle, celle de l'Humain dont on se sent faire partie
C'est casser la convention de la modestie...pour mieux y entrer en vérité, moi maillon de l'immense cortège des hommes et des femmes
Quand on nous oblige à nous "amoindrir" à être stupidement "humbles", ce n'est pas servir le monde, où se trouve déjà tant de haine
J'ai fait cela il y a peu avec des jeunes: les faire écrire sur leur prénom, et qu'ils en disent quelque chose de positif...je vous assure que les visages de ces jeunes changeaient quand ils disaient leur petit texte, et quand ils entendaient le texte de celui qu'ils n'avaient que trop tendance à classer, étiqueter...
Quand (par l'écriture) on sort de soi quelque chose de plus grand que soi, on touche à l'universel, parce que on se retrouve dans les textes des autres
L'autolouange ne s'écrit pas comme une nomenclature de ce qu'on a fait, fait et fera , vous voyez ce que je veux dire...elle s'écrit dans la métaphore, et l'hyperbole...l'exagération permet l'auto dérision très salutaire justement pour ne pas se concentrer sur son nombril
Ai-je été claire? Envie d'en parler dans Paroles Plurielles et de donner une consigne qui nous permettra de nous découvrir dans ce que nous avons de meilleur...
(et si je mettais mon autolouange que j'ai écrite aujourd'hui?...demain ...suis crevée ce soir...)