Si j'étais repue, je me vomirais
Je réalise que les photos que je mets sur Paroles Plurielles en guise de consignes d'écriture, sont d'abord et avant tout des photos qui me parlent à moi. (Cela serait intéressant de mettre à l'occasion une photo qui ne me parle pas du tout et de voir si et comment elle parle à d'autres...)
En plus la phrase que je propose comme phrase d'incipit est AUSSI une phrase qui m'est sortie comme cela mais qui s'applique très bien à moi: "Elle attend, elle ne sait pas ce qu'elle attend...depuis le temps..."
Cette attente de quelque chose que je ne cerne pas vraiment, je la connais bien: moi aussi j'attends... Quoi? je ne sais pas exactement, mais je suis perpétuellement en état d'attente, c'est quelque chose qui me colore profondément. Parfois je n'ai pas le temps d'attendre, je vis, vite, vite, au jour le jour, intensément... point.
Dans ces moments de fébrilité, je me dis que c'est fini pour moi d'attendre ce je ne sais quoi que j'attends et que je ne connais pas. Mais la faim du "plus" (ou le manque) finit par revenir et je suis à nouveau en situation intérieure d'attente...
Ce n'est pas une position d'inertie, d'immobilité, je ne me sens pas une statue pétrifiée (ou alors très rarement)
Non.
C'est comme un désir profond qui ne se satisfait de rien.
Comme un manque énorme sur lequel je ne peux mettre des mots, mais je sais qu'il est là, par le malaise qu'il provoque en moi, il me gratte, m'irrite, parfois me fait pleurer ou saigner. Il me hante, me fait rêver, me fait lever les yeux au ciel en quête de la plus haute branche de l'arbre ou plus haut encore vers les nuages vagabonds... vers l'autre côté du ciel
Il y a des moments dans ma vie où cette attente se fait moins angoissée, plus sereine, elle se nourrit des petits riens ou des grands touts qui parsèment ma vie de tous les jours. Alors je suppose que je suis plus heureuse. Mais ce n'est qu'une illusion parce que cette quête de l'indicible fait partie de moi profondément et à jamais. Elle est inscrite en moi pour toujours je crois et si soudain je me sentais "repue", je crois que je me vomirais, que je me coucherais et que j'attendrais (tiens...encore ce mot?) la mort, le rien, le néant
Il me semble que attendre...c'est aussi vivre, c'est chercher, c'est se questionner, c'est rester conscient, c'est ne surtout pas s'endormir satisfait
Quand je sens la morsure de l'attente en moi, cela me rassure en quelque sorte: je suis toujours bien vivante, j'ai d'autres choses à vivre encore, et je vais devoir me bouger pour les vivre