Mon petit caillou tout bleu
Il y a des cailloux dans ma maison. Dans ma chambre, sur mon bureau, sur la table du salon...un peu partout. Il y en a même dans mes poches, ramassés au gré d'un sentier de traverse.
Mes cailloux me racontent tous une histoire, une histoire du passé, une histoire du présent, une histoire de demain, une histoire de plage ou de forêt, une histoire de souvenirs doux ou cruels
Mes cailloux sont polis, lissés, brillantinés par les vagues bruyantes, ou rugueux, mal polis, de méchante humeur, blessants même. Ceux-là, je les ai ramasssés un jour de grand vent dans mes jardins secrets, ou dans des forêts qui n'ont pas de nom, ou au fond d'une mare, disputés âprement au courant d'une rivière...
J'aime mes cailloux, beaucoup.
Mais il y en a un que j'aime plus particulièrement. C'est un caillou bleu. Il se trouve là, devant mon ordinateur, il parle Italien, comme c'est bizarre. Il a une odeur de bruyère et de boue sèche. C'est une espèce rare et protégée. Je l'ai trouvé juste à côté d'un champignon vénéneux qui hurlait comme un loup affamé. Des fois je l'enferme dans un petit coffre secret, et je l'emmène avec moi, dans mes rêves et mes fugues.
Je ne vous montrerai pas mon caillou. Inutile d'insister, c'est secret.