Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Coumarine, Petites paroles inutiles
12 novembre 2005

Etre capable de se tromper

"Consentir à être exposé à la passion, à la rage, aux sanglots, aux silences, à toutes les formes de la démesure dans l'ignorance de ce qui les suscite. Se laisser atteindre, meurtrir, démolir dans son être. Demeurer dans l'obscur, rêver si possible, dans ce noir traversé de brèves éclaircies, pour tenter de s'approcher au plus près de ce qui m'est radicalement étranger...[...]

Pour que la pensée se remettre en marche, il lui faut d"abord tomber en arrêt, être saisie d'effroi ou d'émerveillement, se laisser ravir eu risque de se perdre. Arrêt, relance. Sidération, trouvaille. Torpeur, éveil. Immobilité, mobilité. Une pensée qui se voudrait constamment agile, qui ne ferait pas l'épreuve de son échec, une intelligence qui redouterait la bêtise, une parole qui ne serait jamais défaillante, ignoreraient ce qui est à l'origine de la pensée, de l'intelligence, de la parole: ce que je nomme le temps de l'infans ou le silence des recommencements" J-B Pontalis "Fenêtres"

Plongée ce matin dans la découverte de ce psychanalyste et écrivain, ces mots me frappent, à tel point que je trouve important de les écrire ici...

Se permettre l'erreur, se la pardonner, comme tremplin pour un recommencement ou un renouveau

Hier je terminais le nouveau livre de Eric-Emmanuel Schmitt "Ma vie avec Mozart", dans lequel il fait remarquer que c'est à la fin de sa vie que Mozart a composé "la flûte enchantée", son oeuvre la plus "infans"

Peut-être que c'est une sacrée preuve de maturité que d'être capable de revenir en pleine conscience à cet esprit d'enfance qui se permet de chercher, d'expérimenter...et de se tromper...

Publicité
Commentaires
L
J'aime beaucoup cet extrait de texte, Coumarine. Je crois que tout est dit dans ces quelques lignes. <br /> J'ai l'impression qu'on est toujours étranger à soi-même, qu'on ne se connaît jamais vraiment, et c'est cette découverte de soi qui est stimulante. Parce qu'en soi il y a aussi l'autre. Et en l'autre il y a de soi. Prendre conscience de la méconnaissance de soi fait mieux mesurer l'impossible pari de connaître l'autre.<br /> L'erreur, l'incertitude, les fausses-pistes... et les fulgurances quand on a saisi un peu mieux un tout petit morceau de la complexité humaine: là est l'aventure.
B
Peut on construire sans se tromper ?<br /> Me revient en mémoire l'exemple du contraire, en roman; 'La nuit du grand Boss' de Fruttero & Lucentini, deux comparses écrivant à deux mains; il s'agit d'une enquête policière dans un monde assez glauque mélant les sectes, la mafia et le monde de affaires; ce qui est notoire dans cette histoire, c'est la façon de travailler de la police qui se trompe tout le temps; toutes ses hypothèses sont fausses mais, plus le flic se trompe plus il avance pour finalement arrvier à la vérité. Un chef d'oeuvre en son genre.
C
Phil, bien sûr je ne parle pas de l'aspect immaturité, irresponsabilité de enfant (comme dans le film des Dardenne)<br /> Mais de ce qui fait qu'un être huamin puisse comme un enfant chercher à apprendre, sans avoir honte de se tromper
P
je sors de voir "l'Enfant" des frères Dardenne : je crois qu'on peut parfois regarder le monde avec des yeux d'enfants,... mais juste le regard. Il faut bien accepter un jour de passer à autre chose, de ne plus être enfant, sinon l'immaturité comme principe de vie, ça fait peur.<br /> Bon, je sais que je suis à coté de la plaque, mais ta note m'a fait penser à ça.
A
Le plus simple et le plus difficile est de le rester (enfant)
Coumarine, Petites paroles inutiles
Publicité
Archives
Publicité