Etre capable de se tromper
"Consentir à être exposé à la passion, à la rage, aux sanglots, aux silences, à toutes les formes de la démesure dans l'ignorance de ce qui les suscite. Se laisser atteindre, meurtrir, démolir dans son être. Demeurer dans l'obscur, rêver si possible, dans ce noir traversé de brèves éclaircies, pour tenter de s'approcher au plus près de ce qui m'est radicalement étranger...[...]
Pour que la pensée se remettre en marche, il lui faut d"abord tomber en arrêt, être saisie d'effroi ou d'émerveillement, se laisser ravir eu risque de se perdre. Arrêt, relance. Sidération, trouvaille. Torpeur, éveil. Immobilité, mobilité. Une pensée qui se voudrait constamment agile, qui ne ferait pas l'épreuve de son échec, une intelligence qui redouterait la bêtise, une parole qui ne serait jamais défaillante, ignoreraient ce qui est à l'origine de la pensée, de l'intelligence, de la parole: ce que je nomme le temps de l'infans ou le silence des recommencements" J-B Pontalis "Fenêtres"
Plongée ce matin dans la découverte de ce psychanalyste et écrivain, ces mots me frappent, à tel point que je trouve important de les écrire ici...
Se permettre l'erreur, se la pardonner, comme tremplin pour un recommencement ou un renouveau
Hier je terminais le nouveau livre de Eric-Emmanuel Schmitt "Ma vie avec Mozart", dans lequel il fait remarquer que c'est à la fin de sa vie que Mozart a composé "la flûte enchantée", son oeuvre la plus "infans"
Peut-être que c'est une sacrée preuve de maturité que d'être capable de revenir en pleine conscience à cet esprit d'enfance qui se permet de chercher, d'expérimenter...et de se tromper...