Le pire et le meilleur
Je suis une enfant de l'après guerre...cela n'a l'air de rien dit comme ça, mais je sais que cela pèse fort dans mon héritage génétique.
Mes parents ont vécu l'occupation allemande, les bombardements, les actes de résistance, les tickets de rationnements, la faim, le marché noir, l'angoisse des couvre feux, la vie au ralenti dans l'angoisse perpétuelle.
Et en même temps tenter de vivre une vie "normale" de couple, de famille.
J'ai beaucoup de choses à leur reprocher...mais là, je leur dit CHAPEAU. Et en même temps, je réalise que concevoir un ou des enfants, dans cette atmosphère d'angoisse, ce n'est pas fait pour fabriquer des enfants qui ne seront pas marqués par ce lourd héritage. Dans tous les coins du monde où des femmes enfantent des enfants dans ou après la guerre, dans les famines ou les épidémies, difficile de faire des enfants heureux, et donc un monde heureux...
Et comme les guerres se multiplient , on peut comprendre que le monde baigne dans des angoisses énormes, qui engendrent de l'agressivité, et de nouveaux conflits
Cercle vicieux...
Et si ce ne sont pas les guerres...ce sont les catastrophes naturelles qui engendrent des traumatismes tels chez les survivants qu'il semble bien difficile de pouvoir jamais mener une vie sereine, en paix avec soi et les autres...
Je suis touchée par deux événements ces jours-ci
- d'abord par l'anniversaire de la délivrance des camps d'Auschwitz par les Russes, le 27 janvier 1945...devoir de mémoire, pour ne jamais reproduire l'Histoire
- ensuite par le prochain film de Christian Carion: "Joyeux Noël" qui retrace un épisode ignoré de la guerre 14-18: la fraternisation incroyable sur la ligne de front des armées ennemies lors de Noël 14. Anglais, Allemands, Français ont déposé les armes et fraternisé, l'espace d'une nuit. Ils ont désobéi aux ordres de leurs supérieurs...
Voilà! Le pire et le meilleur dans l'être humain. Cela me fascine, et aussi cette question qui me hante: comment bascule-t-on un jour dans le pire...