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Coumarine, Petites paroles inutiles
26 octobre 2004

Comme le Petit Poucet, je sème des cailloux

Suite (trèèèèèèès intéressant!, mais plus que ça, je suis émue, en écrivant les mots de Maurice Bellet

Désirer, désirer désespérément

désirer jusqu'à la douleur et la détresse

jusqu'au grand vide amer

désirer que ce soit autrement

désirer la fin des cruautés

des folies, de la bêtise, de l'abject,

désirer la gaïté, la lumière, la tendresse

avoir si faim, avoir si soif

du monde différent

et de soi-même différent

Me sens à la fois très concernée, et très indifférente aux dégeulasseries du monde.Je crois que parfois c'est pour ne pas perdre pied que je me détourne de l'actualité. Parfois  j'écoute, j'entends des horreurs, et je m'enfuis, je ferme la radio, je plonge dans la musique à fond la caisse, façon de me boucher les oreilles, sinon je meurs...c'est comment qu'on peut vivre heureux dans l'instant présent si au même moment d'autres perdent la vie dans des conditions atroces???

Ecrire

par plaisir, par goût, pour voir,

écrire pour écouter ce que le bruit ordinaire

recouvre ou embrouille

y compris le bruit des mots.

Laver les mots jusqu'à ce qu'ils soient

tout purs

et ronds et lisses

ou bien aller par les chemins foisonnants

ou bien refaire, indéfiniment refaire

pour approcher un peu plus ce qui

manque et insiste

écrire pour aller vers le point là-bas

qui communique avec l'au-dessus  et

l'en-deça de tout mot

En découvrant cette manière-là de prier sans en avoir l'air, j'ai les larmes aux yeux. Cela me laboure le ventre. Ecrire...c'est donc prier? Ecrire, c'est ma vie, toujours à la recherche de LA parole qui fera écho en moi...les mots ronds et lisses comme des cailloux à caresser, ou coupants et acerbes comme des blessures à saigner. Des mots de victoire, des mots de détresse et ceux qui me conduisent comme un miracle vers l'autre, et ceux qui m'en éloignent inexorablement...Aligner les mots sur un papier  tout interdit du miracle qui s'opère en lui, une feuille enceinte d'une vie qui trépigne de venir au monde...Mon Dieu, serais-tu si près de moi? Est-ce une bonne nouvelle? ou au contraire un constat d'impuissance et d'alinéation...?

Je ne le sais pas...pas encore

Coumarine

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Commentaires
C
J'ai connu un prêtre qui m'a répondu à ma question "c'est quoi exactement, prier?":<br /> Prier, c'est chaque fois que tu t'arrêtes...
A
"Me sens à la fois très concernée, et très indifférente aux dégeulasseries du monde.Je crois que parfois c'est pour ne pas perdre pied que je me détourne de l'actualité. Parfois j'écoute, j'entends des horreurs, et je m'enfuis, je ferme la radio, je plonge dans la musique à fond la caisse, façon de me boucher les oreilles, sinon je meurs...c'est comment qu'on peut vivre heureux dans l'instant présent si au même moment d'autres perdent la vie dans des conditions atroces???"<br /> <br /> C'est très juste cette réflexion... Survivre.. s'accorder le droit d'être heureux malgré tout..
C
oui, Pralinette, vivre sereine...malgré tout.<br /> bonne soirée à toi
P
"c'est comment qu'on peut vivre heureux dans l'instant présent si au même moment d'autres perdent la vie dans des conditions atroces???"<br /> <br /> A la place de "vivre heureux", j'aurais écrit "vivre sereine", tout simplement parce que je me trouve heureuse de vivre, je considère que ma vie est pleine (pleine de certains vides aussi !)donc je me dis "mais de quoi vais je me plaindre réellement" ; par contre c'est vrai que l'on a du mal à être serein quand on voit le monde qui nous entoure.<br />
Coumarine, Petites paroles inutiles
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